MaPrimeAdapt' souffle sa première bougie. Officialisé le 1er janvier 2024 par le gouvernement, ce dispositif entend répondre aux enjeux de la perte d'autonomie et vise à favoriser le bien vieillir à domicile. Il permet ainsi aux personnes âgées et/ou handicapées éligibles de financer des travaux d'adaptation de leur logement.
30 000 logements adaptés en 1 an
Cette « prime » est proposée par l'Agence nationale de l'amélioration pour l'habitat (Anah). Son ambition ? Adapter 680 000 logements dans les dix prochaines années, dont 250 000 durant le quinquennat 2023-2027. Fin décembre 2024, « plus de 30 000 soit + 25 % par rapport au précédent dispositif (Habiter Facile) » avaient été aménagés. Si l'Anah se félicite de ce résultat, il est encore bien loin de l'objectif fixé. Et pour cause, ce dispositif, contrairement à MaPrimeRénov' (principale aide de l'Etat pour la rénovation énergétique des logements individuels et copropriétés), reste méconnu et peut sembler complexe.
Un interlocuteur unique pour simplifier les démarches
Mickaël Cohen a vécu la perte d'autonomie d'un proche et les galères associées pour trouver des artisans, monter des dossiers de subvention... Et il s'est aperçu qu'il était loin d'être le seul. Alors, en 2012, il a décidé de créer DOMetVIE, un réseau d'agences françaises spécialisées dans l'adaptation du domicile à destination des personnes âgées et handicapées. Objectif ? Simplifier les démarches et proposer un interlocuteur unique qui gère l'ensemble du projet. Cet expert lève le voile sur « MPA », en espérant que les personnes éligibles puissent s'en saisir...
Handicap.fr : Quels sont les enjeux majeurs de MaPrimeAdapt' ?
Mickaël Cohen : Favoriser le maintien à domicile et diminuer le nombre de chutes dans le logement. C'est un véritable fléau, on en décompte plus de 2 millions par an, ce qui représente 40 000 morts. Ce qui engendre des problématiques d'hospitalisation, de perte d'autonomie, de dépendance... Le but est donc de permettre aux personnes avec des revenus (très) modestes d'adapter leur logement afin de rester chez elles en toute sécurité.
H.fr : Quels types de travaux peuvent être financés via ce dispositif ?
MC : Il est dédié à toutes les pièces de l'habitat, mais la majorité des travaux sont effectués dans la salle de bains, une pièce d'eau qui maximise le risque de chutes. Cela va par exemple d'un remplacement d'une baignoire par une douche de plain-pied, lorsqu'elle est devenue trop difficile à enjamber et glissante, à la réalisation complète d'une salle de bains adaptée (douche sans ressaut, lavabo à bonne hauteur pour une personne en fauteuil roulant par exemple et avec une robinetterie anti-brûlures ou avec des leviers pour les personnes ayant des problèmes articulaires, revêtements antidérapants sur le sol, éclairage intelligent limitant les zones d'ombres, qui sont accidentogènes)...
H.fr : La cuisine fait également l'objet de nombreuses adaptations...
MC : Tout à fait. Chez DOMetVIE, nous proposons des meubles de cuisine motorisés qui permettent notamment d'ajuster la hauteur du plan de travail grâce à un interrupteur et d'abaisser des meubles en hauteur. Il est également possible de mettre en place des électroménagers ergonomiques, comme des plaques à induction avec des manettes ou des leviers qui facilitent la prise en main, plutôt que des touches digitales.
H.fr : Pour faciliter la circulation au sein du logement, de nombreux bénéficiaires optent pour l'installation de monte-escaliers ou de rampes pour accéder à leur logement.
MC : Exactement, on peut également citer les plateformes, les mains courantes, les garde-corps...
H.fr : Quels sont les critères d'éligibilité ?
MC : Toute personne propriétaire ou locataire du parc privé peut bénéficier de cette aide si elle remplit l'un de ces trois critères : avoir entre 60 et 70 ans et justifié d'un niveau de « GIR » de 1 à 6 (qui évalue la perte d'autonomie), avoir plus de 70 ans (aucun critère n'est demandé) ou être en situation de handicap (avec un taux d'invalidité d'au moins 50 % reconnu par la Maison départementale des personnes handicapées).
H.fr : Quel est le montant des subventions ?
MC : Le montant des travaux pris en charge s'élève à 50 ou 70 % (hors taxes), selon les ressources du requérant et le nombre de personnes dans le foyer. Une personne seule avec des revenus très modestes (jusqu'à 17 173 euros hors Île-de-France et en Outre-mer ou jusqu'à 23 768 euros en île-de-France) peut ainsi obtenir 70 % de subventions sur le montant total du devis (HT). Sachant que le plafond des travaux est de 22 500 euros. Concrètement, une personne avec des revenus très modestes qui refait sa salle de bain pour un montant de 10 000 euros peut bénéficier de 7 000 euros de subventions (70 % de 10 000). Un locataire qui souhaite réaliser des travaux à hauteur de 30 000 euros bénéficiera du montant maximal, soit 15 750 euros (70 % de 22 500 euros).
H.fr : Quelle est la marche à suivre pour formuler sa demande ?
MC : Première étape : s'inscrire sur le site monprojet.anah.gouv.fr. Le demandeur est ensuite contacté par un assistant à maîtrise d'ouvrage (AMO), chargé par l'Etat de contrôler son éligibilité puis de l'aider à monter son dossier. En parallèle, il peut solliciter des organismes spécialisés tels que DOMetVIE, qui l'accompagne de A à Z dans ses démarches et est notamment chargé de fournir un devis complet, basé sur les recommandations de l'AMO.
H.fr : Ces services sont-ils payants ?
MC : Toute cette partie « accompagnement » chez DOMetVIE est gratuite. Concernant l'AMO, un forfait de 600 à 800 euros, selon les régions, est demandé au bénéficiaire, mais il sera remboursé après obtention de l'aide (MaPrimeAdapt').
H.fr : Quelles solutions pour limiter le reste à charge ?
MC : Chez DOMetVIE, nous avons créé un cabinet social interne qui propose une étude personnalisée des aides supplémentaires dont peut disposer chaque demandeur. Peu de personnes le savent mais d'autres organismes, comme les mutuelles ou les caisses de retraite complémentaires, peuvent aussi financer une partie des travaux.
H.fr : Une prise en charge à 100 % est-elle possible ?
MC : On n'atteint jamais 100 % mais parfois 90 %.
H.fr : Quel bilan dressez-vous un an après la mise en place de MaPrimeAdapt' ?
MC : J'ai envie de voir le verre à moitié plein. Je trouve que l'Anah a fait du beau travail concernant la mise en place du dispositif, puisque dès le 1er janvier 2024, nous avons pu déposer les premières demandes. Petit bémol : le manque de communication. Beaucoup de personnes n'ont pas connaissance de cette aide. Il y a une vraie « évangélisation » à faire auprès du grand public mais aussi des institutions, notamment dans les mairies ou les centres communaux d'action sociale. Pour l'instant, c'est nous qui jouons ce rôle...
Deuxième levier : le financement. Il faut raccourcir les délais d'obtention de l'aide, qui oscillent actuellement entre trois et six mois, selon les régions. Ils ont été largement réduits au fil des mois mais ce n'est pas encore suffisant. Le problème, c'est que tant qu'il n'y a pas de financement, nous ne pouvons pas démarrer les travaux. Une « marche » reste encore à franchir !
Pour faciliter la compréhension de ce dispositif par tous, l'Anah a publié un dépliant MaPrimeAdapt' en FALC (Facile à lire et à comprendre).
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