Après avoir défié l'eau et la terre, lors de l'aventure des Cinq continents et du rallye Dakar (articles en lien ci-dessous), Philippe Croizon s'apprête à s'envoyer en l'air, et pas avec n'importe qui... « Avec la Marine nationale, oui monsieur ! », annonce-t-il. Dix ans après avoir traversé la Manche à la nage, l'aventurier quadri-amputé participera au défilé du 14 juillet 2020, à bord d'un Falcon 50. Un baptême du feu « symbolique et exceptionnel ».
Quand la Marine veille au grain
Son histoire avec l'armée française est « unique ». En 2010, lors de sa traversée de la Manche, la Marine nationale, sous l'impulsion de l'Amiral Lajous, avait mis en place un dispositif hors normes pour qu'il puisse atteindre les côtes françaises en toute sécurité. « Un hélicoptère survolait la zone pour s'assurer que tout allait bien et intervenir en cas de pépin », précise-t-il. Quelques années plus tard, il s'entraînait avec les plongeurs démineurs de Saint-Mandrier avant de relier les cinq continents. « Ces moments de partage avec la Marine étaient déjà forts, magiques mais, cette année, c'est la cerise sur le gâteau », se réjouit-il.
Heureux qui comme Croizon...
« Il y a une quinzaine de jours, j'ai reçu un appel de la Marine pour me proposer de parcourir les Champs Elysées », raconte Philippe Croizon. « En fauteuil roulant ? », demande-t-il. « Non, en Falcon ! », lui répond-on. « J'ai mis un milliardième de seconde avant de dire oui, confie-t-il. J'étais très heureux, je faisais des petits sauts de puce sur mon fauteuil ». Heureux mais surtout « honoré » et « fier » de pouvoir participer à l'hommage national adressé aux personnels soignants, pompiers, et à l'ensemble des acteurs mobilisés pour lutter contre le Covid-19. « Ce sont eux qui m'ont permis d'être l'homme que je suis aujourd'hui, affirme-t-il. Et ce qu'ils font depuis le début de la crise sanitaire, c'est juste extraordinaire... »
Des valeurs communes
Après l'accident qui l'a privé de ses quatre membres, il a, lui aussi, vécu une longue période de confinement en chambre stérile. Mais il ne s'est pas résigné à la fatalité et s'est vite « remis sur pieds ». Entraide, détermination, résilience, vivre ensemble... « Des valeurs qui font écho à celles de l'armée », explique Philippe Croizon, et qui, en période de crise, nécessitent, plus que jamais, d'être propagées. « Résilience », c'est aussi le nom de l'opération militaire déployée dans les domaines de la santé, la logistique et la protection pour lutter contre la propagation du Coronavirus. Le choix « Croizon », devenue une figure emblématique de la résilience et du « tout est possible », est alors apparu comme une évidence.
Défilé entièrement repensé
Et comme un Croizon peut en cacher un autre... Son Frère, Jean-Luc, sera également présent. « Il devait défiler dans le corps des sapeurs-pompiers mais la crise sanitaire en a décidé autrement. C'était donc tout naturel de lui proposer de m'accompagner », explique Philippe. Les deux frères décolleront de la base aéronavale de Lann-Bihoué, près de Lorient (Morbihan) en direction des Champs-Elysées. Le défilé aérien, composé de 51 avions et 20 hélicoptères, devrait débuter à 11h11 précises, suivi d'une procession restreinte de troupes au sol, place de la Concorde. Les ministres de la santé de l'Allemagne, la Suisse, le Luxembourg et l'Autriche, ayant accueilli des patients français atteints du Covid-19, assisteront notamment à la cérémonie. Une manière de saluer la solidarité européenne dans la gestion de cette épidémie.
Philippe Croizon sur la lune ?
Des ministres, des militaires, des avions de chasse... De quoi stresser Philippe Croizon ? « Pas du tout, je suis surexcité. J'arrive à peine à dormir ces derniers jours, j'ai tellement hâte ! », répond-il. « J'ai demandé à piloter le Falcon mais, bizarrement, les militaires ont refusé », raille-t-il. Ça promet... Son prochain défi ? Une aventure « brûlante » pour valider les quatre éléments ? « Sans façon, le feu, j'ai donné. J'ai juste un peu cramé des bras et des jambes..., plaisante-t-il. En revanche, voyager dans l'espace, ça me dirait bien... Elon Musk (ndlr, PDG de la société SpaceX) doit me répondre sous peu ! » Après tout, « tout est possible »...