Comment freiner la fuite des cerveaux qui mine la recherche française et booster l'innovation médicale ? Emmanuel Macron était en visite à l'Institut Curie de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) le 16 mai 2023 pour présenter son plan d'action visant à « faire de la France un pays qui voit les innovations en matière de santé éclore, grandir et prospérer ».
Traitements et solutions innovants
Devant un parterre de chercheurs, le chef de l'Etat a annoncé la création de seize nouveaux programmes d'excellence « pour accélérer l'innovation en santé » et faciliter le passage de la recherche au soin. Dans le détail, la France va s'enrichir de quatre nouveaux « bioclusters », soit un regroupement de laboratoires spécialisés dans le domaine des biotechnologies. Auxquels viendront s'ajouter douze nouveaux instituts hospitalo-universitaires (IHU). Ils vont compléter les sept programmes de recherche et le premier biocluster déjà lancés, et les sept IHU en exercice.
« Ces pôles d'excellence permettront, en rassemblant chercheurs, cliniciens, investisseurs et industriels de développer ensemble des traitements et solutions innovants qui permettront, demain, des avancées importantes », promet le gouvernement. De nombreux domaines sont concernés, parmi lesquels les neurosciences, l'immunologie, l'infectiologie, les thérapies géniques, les maladies vasculaires, les troubles du neuro-développement de l'enfant, les cancers, l'onco-hématologie, les maladies respiratoires, les troubles de l'audition, le sepsis, les pathologies hépatiques… Quelques exemples dans le champ du handicap.
Brain and Mind, révolution au cœur des neurosciences
A titre d'exemple, Brain & Mind est l'un des lauréats de cet appel à projets. Ce biocuster fédère plus de 50 partenaires scientifiques, médicaux et industriels dans le but de créer, en région parisienne et dans une dimension nationale, un écosystème de renommée internationale sur la recherche en neurosciences. Plus de 1,5 milliard de personnes dans le monde vivent avec des maladies neurologiques et psychiatriques (comme Alzheimer et Parkinson, la sclérose en plaques, l'épilepsie, la dépression, les troubles du spectre de l'autisme) et des troubles sensoriels tels que la dégénérescence maculaire liée à l'âge. « Ces problèmes de santé publique exigent une mobilisation de grande ampleur pour décupler les outils thérapeutiques et de prise en charge », explique Brain & Mind.
« Si des investissements massifs ont été lancés il y a plusieurs années aux États-Unis et en Chine autour des brain tech, plusieurs forces clés manquaient en France pour asseoir une position de leader dans la compétition mondiale », poursuit-il. Alexis Brice, directeur de l'Institut du Cerveau, José-Alain Sahel, directeur de FOReSIGHT, et Marion Leboyer, directrice de la Fondation FondaMental, se voient « à l'aube d'une révolution scientifique et médicale dans le diagnostic, la compréhension et l'innovation thérapeutique en neurosciences ». Selon eux, « Brain & Mind a la capacité d'accélérer cette révolution et de donner à la France une longueur d'avance sur l'ensemble de ces enjeux.
lnovAND, pour comprendre les circuits neuro-développementaux
L'IHU lnovAND « Institut Robert-Debré du cerveau de l'enfant », coordonné par l'AP-HP a, quant à lui, pour objectif de favoriser le développement de l'enfant, son bien-être et ses capacités d'apprentissage puisqu'en France un enfant sur cinq a des difficultés d'apprentissage et un sur six est atteint d'un trouble du neuro-développement. Localisé à l'hôpital Robert-Debré AP-HP (porteur de projet Pierre Gressens, responsable scientifique AP-HP Pr Richard Delorme), il bénéficiera d'un financement de 20 millions d'euros.
Un institut dédié aux troubles audition et parole
Dans le champ du handicap, on peut également saluer la création de re-Connect, porté par l'Institut de l'audition, centre de l'Institut Pasteur. Cet Institut hospitalo-universitaire (IHU) est destiné à mieux détecter et prendre en charge les troubles de l'audition et de la parole. Il sera le « premier établissement fédérant tous les acteurs de la santé auditive », ainsi que le premier institut européen dédié à l'audition et au cerveau. Objectif ? « Passer dans la prochaine décennie d'une médecine compensatrice à une médecine réparatrice grâce aux découvertes fondamentales réalisées au cours des vingt dernières années dans le domaine de la génétique et des neurosciences », selon les porteurs du projet. Doté de 30 à 40 millions d'euros, il entend « ouvrir la voie à la création d'applications cliniques innovantes aux retombées sociétales et académiques essentielles » pour cet enjeu considéré comme un « fardeau mondial majeur », avec des cas de déficience auditive sans cesse en hausse.
7,5 milliards d'euros
Les infrastructures de recherche en biologie-santé existantes ne seront pas en reste puisqu'elles se verront injecter un budget supplémentaire de 100 millions d'euros. Enfin, le président de la République a annoncé l'ouverture « prochaine » d'un appel à projet « AAP Chaire d'excellence », doté de financements sur une durée de cinq ans pour permettre à des chercheurs français ou étrangers de mener à bien leurs études dans l'Hexagone, avec la possibilité de se hisser « au plus haut niveau international ». L'ensemble de ces programmes d'excellence sera piloté par l'Agence de l'innovation santé dans le cadre du plan Innovation santé 2030 lancé par le gouvernement. L'enveloppe globale s'élève à 7,5 milliards d'euros, dont 1,7 milliard consacré à la recherche biomédicale.
© Twitter Cedric Arcos, conseiller santé de la Première ministre Elisabeth Borne