Ils sont six athlètes du sport adapté qualifiés pour les Jeux paralympiques de Tokyo (liste ci-dessous), du 24 août au 5 septembre 2021, qui feront partie de la délégation française. Six sur 138 au total. Très minoritaires, certes, mais la FFSA, fédération dédiée, n'entend pas pour autant les laisser dans l'ombre. Si la pratique paralympique (pour les personnes avec un handicap moteur ou sensoriel) portée, notamment, par la Fédération française handisport, s'offre une « petite » percée dans les médias depuis une dizaine d'années, surtout après la montée en puissance des Jeux de Londres 2012, il n'en va pas de même pour le sport adapté qui souffre d'un déficit de reconnaissance abyssal… La fédé rassemble pourtant plus de 65 000 licenciés en France, contre 13 000 pour le handisport.
Eviction après une tricherie
Rappelons que le sport adapté est destiné aux personnes avec une déficience intellectuelle ou un handicap psychique ou cognitif. Il n'est inscrit au programme des Jeux paralympiques que depuis 1996. Une victoire de courte durée ! En 2000, à Sydney, l'équipe espagnole de basket est accusée de tricherie après avoir engagé des compétiteurs sans déficience intellectuelle. Cette histoire a d'ailleurs inspiré le film Chacun pour tous (article en lien ci-dessous) en 2018. Le scandale éclate, la sanction est immédiate : le sport adapté est exclu des Jeux. Il faudra attendre douze ans, aux Jeux de Londres, pour voir le retour de ses sportifs sur le terrain. Les critères de sélection sont alors durcis. Seules peuvent se qualifier les personnes qui ont un QI inférieur à 70 détecté avant l'âge de 18 ans. Elles sont ensuite tenues de réaliser une batterie de tests pour attester de leurs difficultés au quotidien.
Pas de Jeux d'hiver
Seules trois disciplines sont ouvertes : athlétisme, tennis et natation, ce qui les exclut d'office des Jeux d'hiver, au grand dam de la FFSA ; en 2018, elle dénonçait cette « injustice » (article en lien ci-dessous) et bataille depuis pour l'inscription de ses skieurs aux Jeux de Pékin 2022. Selon la fédé, « le sport adapté n'est pas toujours bien compris, ni bien représenté dans les médias. Le handicap mental n'est que peu visible sauf quand il s'agit de sportifs trisomiques ». Elle défend pourtant des « sportifs passionnants avec de belles histoires » et des « palmarès internationaux au plus haut niveau ». « Un jour peut-être… », espère-t-elle. A Tokyo, ils seront donc deux femmes et quatre hommes à défendre nos couleurs. Certains sont champions d'Europe, d'autres du monde.
D'autres projets…
La FFSA, qui fête ses cinquante ans en 2021, mènent plusieurs projets pour étoffer son champ d'action et pas seulement dans le haut niveau : sport et autisme, activités motrices, sport adapté jeune, sport santé… Une trentaine de championnats de France sont organisés chaque année, espérant une reprise, après cette période de crise, dès septembre 2021. Quant aux prochains Global Games, ils auront lieu en juin 2023, à Vichy. Il s'agit, durant une semaine, de la plus grande compétition mondiale pour le sport adapté avec 9 sports en compétition, près de 80 pays, 1 000 participants. Si les médias se désintéressent manifestement des sports paralympiques et plus encore du sport adapté, la FFSA espère compter sur la présence de France TV.
Les 6 sélectionnés français pour Tokyo
- Gloria Agblemagnon, para athlétisme, lancer du poids
- Léa Ferney, para tennis de table, épreuve individuelle
- Lucas Créange, para tennis de table, épreuve individuelle
- Charles-Antoine Kouakou, para athlétisme, 400 m
- Gaël Geffroy, para athlétisme, 1 500 m
- Nathan Maillet, para natation, 100 m dos et 200 m nage libre