À Rungis, un habitat partagé réunit handicapés et "valides"

"Ici, je suis chez moi mais je ne suis pas seul." Daphné, Bastien et Guillaume vivent dans un habitat partagé, qui regroupe personnes handicapées et "valides". Ces maisons favorisent à la fois le partage et le gain d'autonomie. Reportage à Rungis.

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Une main tient une maison blanche en carton.

Par Catherine Fay-De-Lestrac

"Leur plus grande souffrance, ce n'est pas le handicap, c'est la solitude."
À Rungis, en banlieue parisienne, adultes "valides" et handicapés cohabitent, "comme une famille", dans un habitat partagé, propice au gain en autonomie.

Des espaces communs pour profiter ensemble

Ces "maisons partagées Simon de Cyrène" sont destinées à des personnes qui ont subi des accidents vasculaires cérébraux ou des lésions cérébrales, lors d'une naissance difficile ou d'un accident. Responsable de l'une des cinq maisons ouvertes à Rungis (Val-de-Marne), Mariam Sidibé aide au quotidien six résidents handicapés, avec quatre assistants, dans des bâtiments aux baies vitrées et terrasses donnant sur une vaste pelouse du centre-ville. Chacun dispose d'un studio avec salle de bains et kitchenette et, quand il le souhaite, peut profiter des espaces communs : un salon, une cuisine et une salle à manger. "Le soir, on joue ou on regarde des DVD ensemble", raconte Daphné Bignon, 24 ans, l'une des assistantes qui habite sur place.

À mi-chemin entre l'institution et le logement indépendant

"L'habitat inclusif est une réponse à mi-chemin entre l'institution médico-sociale, que certains voudraient quitter pour vivre plus autonomes, et le logement indépendant", où ils peuvent se sentir isolés, explique Laurent de Cherisey, fondateur de la Fédération Simon de Cyrène, qui chapeaute une trentaine de maisons dans neuf villes. Il s'agit de permettre aux personnes handicapées de s'insérer dans la société et de choisir leur lieu de vie, dans l'esprit de la loi du 11 février 2005 sur le handicap, qui marque son vingtième anniversaire. Quelque 2 000 logements inclusifs pour personnes âgées ou handicapées existent en France.

"Une maison de joie, d'amour, d'entraide"

Au petit déjeuner, autour d'une grande table, Bastien, 28 ans, handicapé après un accident de scooter, et Guillaume, 37 ans, handicapé depuis qu'il est tombé d'une table à langer, plaisantent et passent en revue avec les assistantes les activités de la journée. "C'est une maison de joie, d'amour, de rigolade, on s'amuse, on s'entraide. J'ai fait beaucoup de progrès pour gérer ma vie et j'ai appris à me faire des amis", explique Guillaume.

"Je suis chez moi mais pas seul"

Simon de Cyrène, qui implante ses maisons en centre-ville, est lié au groupe d'entraide mutuelle (GEM) Les Colibris, qui organise des activités ouvertes à d'autres adhérents handicapés : sport, cirque, jeux de société, préparation d'un grand repas où sont invités des voisins... "Ici, on va plus regarder leurs capacités que les incapacités. Le principe est qu'ils s'entraident et soient en autogestion. Les membres du conseil d'administration sont toutes des personnes en situation de handicap", explique Florence Jeay, coordinatrice du GEM. "Avec l'habitat inclusif, je suis chez moi mais je ne suis pas seul. La vie reprend du goût, on invite les voisins, on est au cœur de la ville", explique M. de Cherisey.

"Faire avec eux mais pas à leur place"

Cette vie communautaire est financée par les aides que chaque résident reçoit et qu'ils mettent partiellement en commun. "Cela revient moins cher qu'un établissement médico-social, où par ailleurs les places manquent", souligne M. de Cherisey. Aidés par les assistants, les résidents préparent ensemble le repas et font le ménage de leur studio une fois par semaine. Les assistants s'assurent de la prise des médicaments, aident à la toilette, aux démarches administratives. "Le but est de faire avec eux, pas à leur place : laver son linge, réserver un rendez-vous médical, pour les rendre autonomes et fiers d'eux", explique Laetitia Baptista, assistante, 26 ans.

Des progrès et un gain d'autonomie

"Depuis que je suis ici, j'ai fait beaucoup de progrès, il y a les activités, les amis, les assistants qui m'aident dans mon autonomie", explique Hadrien, 35 ans, qui a quitté ses parents il y a quatre ans pour emménager ici. "Responsable d'appartement", Mariam Sidibé vit sur place avec son fils de douze ans. "Il est habitué au handicap. Le weekend quand on va au cinéma, on emmène un résident avec nous." "Quand une personne n'est pas là, c'est comme si on perdait un membre de la famille", souligne Mariam. 

© Abdulwasay

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