L'Assemblée nationale a adopté, le 13 février 2020, la proposition de loi portée par le député Libertés et Territoires, Yannick Favennec Becot, qui propose notamment d'individualiser l'Allocation adulte handicapé (AAH), en supprimant la prise en compte du revenu du conjoint dans son calcul, et d'étendre l'âge maximum pour bénéficier de la Prestation de compensation du handicap (PCH) à 65 ans, contre 60 aujourd'hui. D'autres "mesures sociales" envers les personnes hébergées en EHPAD ou en situation de handicap, ainsi que l'allongement du congé de deuil parental, sont au cœur de cette proposition. Sur Twitter, Yannick Favennec Becot se dit «fier d'avoir été le rapporteur d'un texte humain et juste».
Vif débat
Les "marcheurs" et les élus MoDem ont été mis en minorité au moment du vote, et le texte a été adopté par 44 voix contre 31 en première lecture. Quatre "marcheurs" et une élue MoDem se sont joints aux voix favorables, les députés UDI-Agir apportant aussi leur soutien. Le débat a été vif, plusieurs élus faisant allusion au refus des députés LREM d'allonger le congé de deuil après la perte d'un enfant, qui avait poussé Emmanuel Macron à intervenir. "Vous avez la possibilité de l'humanité", a martelé François Ruffin, s'adressant à la majorité. "Vous serez seuls dans cet hémicycle et dans le pays", a-t-il prévenu.
«Flagrant délit d'inhumanité»
"Vous êtes pris en flagrant délit d'inhumanité une fois de plus", a ajouté Jean-Luc Mélenchon, là où le LR Aurélien Pradié a fustigé une majorité qui n'apprenait pas "de ses erreurs". La "marcheuse" Anne-Christine Lang a répliqué, demandant aux députés Insoumis et LR de "garder leurs leçons d'humanité", les accusant de faire "croire aux associations (de personnes en situation de handicap) qu'on pouvait raser gratis". A quelques minutes du vote, une suspension de séance a été demandée par les "marcheurs", Jean-Luc Mélenchon y voyant une tentative de "changer le rapport de force". Plusieurs rappels au règlement ont suivi.
Priorité au handicap
La secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel, a assuré que pour le gouvernement, "la priorité était donnée au handicap", au lendemain de la conclusion de la conférence nationale du handicap (article en lien ci-dessous). Elle a rappelé que l'AAH avait bénéficié de deux revalorisations depuis le début du quinquennat, et qu'elle était déjà "quasi-individualisée". "Arrêtez de dire que nous n'avons rien fait", a répété la ministre. Elle a renvoyé en vain à l'examen du projet de loi "grand âge et autonomie", d'ici à l'été 2020, dont le "cadre global" devrait permettre d'aborder les sujets évoqués, et a souligné les avancées faites par le gouvernement. "Nous ne sommes pas insensibles à la question" s'est défendue la MoDem Nadia Essayan, plaidant pour ce "cadre général".