Jamais l'inceste n'avait été autant évoqué, publiquement. Après #MeToo sur les violences faites aux femmes, le hashtag #MeTooInceste a délié les langues avec une explosion de témoignages sur les réseaux sociaux qui démontrent à quel point les victimes ressentent le besoin de s'exprimer. Cette zone d'ombre est revenue au centre de l'attention médiatique avec la publication de La Familia Grande de Camille Kouchner. Le gouvernement assure vouloir s'engager sur cette question. Mais qu'en est-il pour les femmes en situation de handicap qui, enfant, ont, plus que tout autre, eu un risque d'être victimes de violences sexuelles, notamment dans le cadre familial ? Adrien Taquet, secrétaire d'Etat à l'enfance, le reconnaissait dans une récente interview au Monde : « Beaucoup de questions restent invisibilisées, comme l'inceste et les violences sexuelles sur les enfants handicapés ». « On ne sait rien parce qu'on ne cherche pas », déplorait à son tour dans Libération Isabelle Aubry, présidente de l'association Face à l'inceste. Un tabou parmi les tabous…
#IncesteHandicap le 29 mars
Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA) a donc décidé de s'emparer du sujet. Le 29 mars 2021, elle lancera officiellement, à l'occasion d'une conférence de presse, #IncesteHandicap sur les réseaux sociaux pour encourager les femmes handicapées victimes de violences incestueuses à s'exprimer. Cette association a pour objectif de promouvoir la place des femmes handicapées dans la société et de lutter contre les discriminations et les violences qu'elles subissent. Elle inaugurait en 2015 Écoute violences femmes handicapées, le premier numéro d'écoute en France dédié à ce public (01 40 47 06 06). Ce dispositif est complété depuis novembre 2020 par un site ( https://ecoute-violences-femmes-handicapees.fr, article en lien ci-dessous) apportant de précieuses ressources. Une nouvelle étape est donc franchie dans ce combat...
Un sujet encore plus tabou
« Le problème, c'est qu'on n'a pas de données en France sur inceste et handicap, même si certaines études ont été menées à l'étranger, explique Claire Desaint, co-présidente de FDFA. Il n'y a déjà pas grand-chose sur les femmes handicapées victimes de violence mais ce sujet est encore plus tabou ». Mettant à profit le mouvement actuel, FDFA a jugé qu'il était temps « d'agir et d'alerter ». Leur parole sera donc entendue et recueillie pour établir un « état des lieux », appuyée par une enquête sociologique menée par des associations et universitaires impliqués dans le champ du handicap.