Le code du Sport l'affirme : « Les activités physiques et sportives constituent un élément important de l'éducation, de la culture, de l'intégration et de la vie sociale. (…) La promotion et le développement des activités physiques et sportives pour tous, notamment pour les personnes handicapées, sont d'intérêt général. ».
Une table de spécialistes
C'est autour de la question du sport comme facteur de santé et de bien-être que se sont réunis des sportifs de haut niveau lors des Assises sport & handicap organisées à Lyon le 18 juin 2018. À cette occasion, plus de 500 personnes ont participé à de nombreuses animations sportives et à plusieurs tables rondes. L'une d'elles rassemblait des champions, Anne Frédérique Royon (para équitation), Circée Peloux (handi-escrime), Géraud Paillot (kayak handi-valide), Thomas Numitor (para badminton) et des acteurs du monde médical, Delphine Sauvageon (CMUD Grenoble), Michel Guenin (médecin fédéral plongée) et Thibaut Commeat (ergothérapeute). L'occasion de « ne pas enfoncer des portes ouvertes puisque tout le monde sait que le sport est bénéfique », selon Michel Guenin mais, au contraire, de chercher à comprendre quels impacts et bénéfices la pratique sportive peut avoir.
Découvrir un nouveau corps
Les médecins sont unanimes, la priorité pour la personne en situation de handicap est de s'approprier ou se réapproprier son corps, l'investir pour découvrir de nouvelles possibilités et capacités. L'objectif ? S'accepter et continuer les découvertes sur le long terme, pour se sentir libre. « Je suis partie après mon accident d'un corps mort et, avec la récupération, je redécouvre ce que je peux faire, et tout est un cadeau du ciel ! », explique Anne Frédérique, victime d'un accident. Thomas l'affirme : « Etre sportif de haut niveau demande de la rigueur mais en prenant du plaisir ! ». Le sport amène une complémentarité entre la rééducation et le désir d'expression. Thibaut, ergothérapeute, poursuit : « Rien n'est un hasard dans la vie, tout se construit. Les bénéfices seront variés, d'ordres psychique ou physique. Tout cela dépend du parcours de la personne. ».
Certaines limites
Les intervenants restent malgré tout lucides. « On ne parle pas de faire reculer le handicap, mais la pratique d'une activité physique peut amener l'individu à maintenir un certain cap », explique Thibaut. Le chemin est parfois long ; Circée, l'escrimeuse, a attendu cinq ans avant de se remettre au sport, un chemin personnel qui, aujourd'hui, renforce son autonomie. « Je me suis musclée et cela me permet plein de choses au quotidien », explique la jeune femme. Le sport de haut niveau comporte évidemment des risques ; se pose alors la question de la compétence des médecins dans un domaine où peu d'entre eux ont à la fois des connaissances sur les pathologies et les pratiques sportives adaptées.
Des bienfaits manifestes
Le sport permet de repousser les limites de la fatigue, du handicap, avec des bienfaits psychiques avérés. C'est aussi un formidable outil de communication, notamment lorsqu'il est pratiqué au contact d'animaux, en l'occurrence les chevaux. « La médiation animale n'est pas quelque chose d'anodin », affirme Anne Frédérique, qui poursuit : « Je reste persuadée que le premier contact avec le cheval a déclenché des choses dans ma récupération. ». Une activité physique peut également favoriser la récupération après un stress post-traumatique, à l'image de la plongée qui permet de se réapproprier son corps et d'apaiser les angoisses. Le stress peut aussi être contenu via la méditation, à travers laquelle on apprend à connaître son corps et ses compétences. La souffrance ? Circée répond : « Non, pas de souffrance mais une part d'effort. C'est la vie et c'est pareil pour tout le monde.»
Le handicap, une chance ?
Cette leçon de vie s'achève sur une note optimiste et résiliente… « On parle souvent de l'aspect négatif de la maladie mais, moi, ça m'a permis de voyager, ça me donne une motivation. J'aurais aimé découvrir l'escrime sans la maladie mais on s'en fout du niveau, c'est le plaisir le plus important. », déclare Circée, avant que Thomas ne conclue : « J'ai de la chance aujourd'hui d'être handicapé. Je ne serais pas là où j'en suis sans le handicap. »