Les centres médico-sociaux n'ont plus le vent en poupe… Jugés « passéistes », ils doivent laisser sa place à des modèles innovants et inclusifs. L'un d'entre eux a été mis en lumière lors du 2ème comité de pilotage de l'offre d'accompagnement du 29 janvier 2019, présidé par Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap (article en lien ci-dessous)… Son nom ? L'assistant au parcours ou au projet de vie (APV). Il a pour ambition d'accompagner les personnes handicapées dans l'élaboration et la construction de leur projet de vie, en mobilisant le milieu ordinaire en priorité. Expérimenté depuis trois ans au Centre ressources régional de l'association Trisomie 21 Nouvelle-Aquitaine et par quatre autres associations en France (Adapei Var-Méditerranée, Les papillons blancs de Bergerac, Trisomie 21 Alpes-Maritimes et Trisomie 21 Ardennes), l'heure est-elle bientôt à la concrétisation ?
Des exemples concrets
Baptiste, scolarisé en CE1 a besoin d'adaptations pour faciliter son inclusion. Ses parents sont épaulés par Sarah, APV, pour la connaissance de leurs droits et les solutions existantes en matière d'aides financières, humaines et matérielles. Ils savent qu'ils peuvent lui demander de les soutenir lors de rencontres ou de réunions pour appuyer leurs demandes. Quant à Émilie, 31 ans, elle n'est plus accompagnée par un service depuis trois ans. Après plusieurs rencontres avec Julien, APV, elle peut exprimer ses envies : rencontrer du monde, refaire de l'équitation et être plus autonome dans les actes de la vie quotidienne. Grâce à l'aide de Julien, elle fréquente rapidement le centre équestre de sa commune, un bar associatif et bénéficie d'une auxiliaire de vie. Petit à petit, elle reprend confiance en elle et, rapidement, un nouveau projet voit le jour : Emilie souhaite travailler en crèche. Informée par Julien des possibilités qui s'offrent à elle, elle fait appel au pôle éducation-formation-travail du CRR.
Réorganisation autour de l'APV
Plus qu'une simple expérimentation, l'APV a complètement chamboulé l'organisation de ce CRR pour, in fine, faire partie intégrante de l'établissement. Ce dispositif d'accompagnement complète les trois pôles déjà existants : santé, vie sociale et éducation-formation-travail. Initié et piloté par Nexem (représentant des employeurs associatifs du secteur social, médicosocial et sanitaire), il est également expérimenté dans sept autres départements, volontairement mis en place dans des contextes organisationnels différents selon les associations avec des impacts dans chacune d'entre elles.
Accompagnement à la carte
Sa plus-value ? « Une logique d'accompagnement à la carte en fonction de la situation de chacun », explique le CRR Trisomie 21 Nouvelle-Aquitaine. L'assistant écoute, informe et aide les personnes handicapées à se projeter dans leur parcours de vie en les aidant, notamment, à identifier les ressources dont elles disposent sur le territoire. Il propose mais n'impose pas. Il agit en soutien, en renfort, mais ne prend aucune décision afin d'encourager l'autonomie. « L'APV est pensé comme une assistance à maîtrise d'ouvrage, un peu comme lorsqu'une personne sollicite un architecte pour construire sa maison, vulgarise le CRR. C'est toujours la personne qui pilote son projet, qui fait ses propres choix (une grande salle de bain ou une grande cuisine) mais elle est soutenue sur les aspects techniques, la connaissance du réseau, les partenariats possibles... » L'APV est un véritable « couteau suisse » qui peut intervenir dans tous les domaines (accès aux droits, aides techniques, éducation, culture, soins, sport, loisirs…) et à tout moment. L'enjeu : « Soutenir les moments de transition et prévenir les situations de rupture, affirme-t-il. Il agit aussi dans une logique d'advocacy (ndlr : plaidoyer) pour l'ouverture et l'exercice des droits communs et spécifiques ».
Où trouver un APV ?
« Il suffit de s'adresser à l'un des Centres de ressources concernés, qui se chargera ensuite de vous mettre en relation avec un APV », indique-t-il. A l'origine, ses APV accompagnaient exclusivement les personnes avec trisomie 21 du CRR. Leur profil ? Des travailleurs issus du médicosocial « qui, en parallèle, ont suivi une formation dans le cadre de l'expérimentation », poursuit-il. Le dispositif a depuis été élargi à toute personne déficiente intellectuelle. Cette solution vaut aussi bien pour les personnes autonomes que celles qui vivent en établissement spécialisé, « c'est même à ce moment-là que l'accompagnement prend tout son sens », ajoute-t-il. L'APV, passerelle entre le milieu protégé et ordinaire ?
2020 : le verdict
Initiée en 2016, l'expérimentation s'est achevée fin 2017. Les familles sont toujours accompagnées par les APV au sein des 5 associations dans le cadre de la poursuite du projet, celui-ci étant toujours piloté par Nexem avec le soutien de l'Ocirp et de Klesia et l'appui des ARS (Agences régionales de santé). Lors du comité de pilotage du 29 janvier 2019 sur la transformation de l'offre, auquel participe Nexem, le ministère a annoncé une généralisation en deux temps : modélisation en 2019 et déploiement au niveau national en 2020. Lors du comité de pilotage, Sophie Cluzel exprimait sa volonté de « sécuriser les nouveaux modèles d'accompagnement et d'accompagner les professionnels dans l'évolution de ces pratiques », avant d'ajouter : « Ce mouvement doit impérativement s'accompagner de la transformation du secteur médico-social, de sa plus grande ouverture. Les personnes en situation de handicap doivent devenir visibles pour que les mentalités évoluent réellement »…