Notre oreille n'est-elle pas trop sollicitée par les nouvelles technologies ? 75% de la population mondiale possède un smartphone. Dès l'âge de 10 ans, il devient un objet de communication au quotidien, indispensable, dans sa main, sous son lit… Elément de lien rassurant, il peut très vite devenir un « doudou », un objet transitionnel, et mener à une dépendance, voire à l'addiction. Être disponible à tout moment, écouter sa musique préférée, écouter ses messages et faire partie du cercle de son réseau sur le net ou regarder des vidéos sont autant de prétextes à vivre une relation forte à son smartphone. Mais, en réalité, contribue-t-il à notre épanouissement ou à notre avilissement ? Telle est la question.
Toutes les générations
Selon le professeur Jean-Luc Puel, président de JNA, association éponyme de la 20e Journée nationale de l'audition prévue le 9 mars 2017, « le mode de consommation des smartphones questionne surtout au sein de la génération Z qui est née alors que ce matériel était déjà bien implanté au sein de la population. La génération X a vu apparaître l'ancêtre des téléphones mobiles et la génération Y a pu être témoin de son évolution technologique et de sa démocratisation. Ainsi, aujourd'hui, toutes les générations utilisent plus ou moins un smartphone sans y prendre garde. »
Victimes de « nomophobie » ?
Dans son rapport « Radiofréquence et santé » de 2013, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) pointait déjà à l'époque des risques d'addiction, de stress, de troubles du sommeil et de dépression. D'autres études interpellent sur le phénomène croissant de « nomophobie », c'est-à-dire la phobie liée à la peur excessive d'être séparé de son téléphone ou de manquer une info. Regarder son smartphone sans cesse représente un signe majeur de dépendance et peut mener certains à « un burn-out numérique ». Mais c'est sans compter les heures d'écoute quotidiennes de musiques, de vidéos et de conversations téléphoniques via des écouteurs en prise directe avec les oreilles. La boucle est bouclée. Non seulement le smartphone peut contribuer à une fatigue de notre système auditif mais aussi à son usure prématurée et, par ses effets extra-auditifs, venir amplifier le stress, l'angoisse. Selon JNA, « notre vitalité se réduit alors peu à peu. Notre équilibre est en péril. »
Des actions innovantes
Devant cette menace, le groupe d'experts du Comité scientifique de la JNA lance, avec le concours de professionnels et de médecins, à l'occasion de la 20e Journée nationale de l'audition, une campagne de dépistage afin de dresser un état des lieux de la santé auditive des Français en 2017. Le 9 mars, elle dévoilera, par ailleurs, une grande enquête sur l'addiction des Français au smartphone tandis qu'une « Journée sans portable » sera organisée dans les lycées et collèges avec, pour seule consigne, de laisser son smartphone à la maison. D'autres actions à venir qui seront mises en ligne sur le site portail sur l'audition (en lien ci-dessous)…
© JNA + blackday/Fotolia