La prise en charge de la perte d'autonomie en péril ? C'est ce que craint France Biotech, association professionnelle des entrepreneurs de l'innovation en santé, qui « alerte sur les risques de décrochage dans la qualité » dédiée. Pour inverser la tendance, elle annonce le lancement d'une « task force » (force opérationnelle, en français) pour soutenir l'innovation santé en faveur de l'autonomie liée au grand âge et au handicap et concrétiser la mise en œuvre de la réforme des Soins médicaux et de réadaptation (SMR), jadis Soins de suite et de réadaptation (SSR). Ce groupe de travail s'attellera plus précisément à « traiter le caractère impérieux de l'attractivité et la compétitivité de la prise en charge sur le territoire » mais aussi à structurer et promouvoir la filière des acteurs de l'innovation « tech' ». Objectif : accélérer les progrès technologiques au service de l'autonomie.
La technologie, levier essentiel
« Les secteurs du grand âge et du handicap traversent une crise de sens et d'image sans précédent, minés par des difficultés de financement chroniques et une tension majeure sur les ressources humaines. Pourtant, l'autonomie physique et mentale demeure un sujet majeur de santé publique et de société », explique France Biotech. La technologie apparaît alors comme un levier essentiel. Les dispositifs médicaux ont en ce sens un impact conséquent sur la qualité de vie des patients, des résidents et des professionnels de santé. Mais, pour innover, les entrepreneurs ont besoin de visibilité sur les modalités de prises en charge de leurs technologies. A ce titre, la réforme conduite sur les plateaux techniques spécialisés dans le cadre de celle du financement des SMR représente « enfin une avancée », selon France Biotech.
Une réforme qui tarde à se concrétiser
Pour rappel, la réforme des SMR vise à améliorer et homogénéiser les prises en charge sur l'ensemble du territoire, notamment via une meilleure reconnaissance des prises en charge spécialisées. Elle renforce également la place de l'activité́ physique adaptée et de la psychologie. « Outre la prévention et la réduction des conséquences fonctionnelles, des déficiences et des limitations d'activités pour les patients atteints de maladie chronique ou après un épisode de soins aigus, les établissements de soins médicaux et de réadaptation seront aussi positionnés 'en amont' d'une hospitalisation en soins aigus », précisait la Fédération de l'hospitalisation privée en janvier 2022 dans un communiqué. Les actions de prévention, de diagnostic et de thérapeutique de ces structures contribueront également à diminuer les risques de récidives et de complications. Mais, cinq mois après la publication des deux décrets qui ont entériné l'appellation de « soins médicaux et de réadaptation », France Biotech déplore que cette réforme ne soit toujours pas opérationnelle. « Ce délai freine la dynamique du déploiement des innovations en faveur de l'autonomie », ajoute l'association, exhortant à la « mettre d'urgence en application ».
Une task force pour rallier les troupes
Dans ce contexte, la priorité de cette task force sera de voir se concrétiser les compartiments PTS (Plateaux techniques spécialisés) de la réforme des SMR. Pour rappel, ce « compartiment » a vocation à financer les coûts de la prise en charge en SMR liés à la mise à disposition d'un plateau technique et d'équipements spécialisés. « Il en va de la crédibilité, vis-à-vis des patients et des professionnels, de l'ensemble des acteurs représentant le système de soins », estime Elodie Chapel, conseillère stratégique de Wandercraft, qui pilote ce groupe de travail. Pour y parvenir, ce dernier s'appuiera sur « des espaces de co-construction entre entrepreneurs, acteurs du soin et du handicap et pouvoirs publics », précise Franck Mouthon, président de France Biotech, appelant « tous les acteurs intéressés » à le rejoindre. Leitmotiv ? « Rendre attractif et prévisible la prise en charge des innovations réduisant le fardeau de la fragilité liée au grand âge et au handicap », conclut-il.