A deux ans des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, le champion du monde de kayak Cyrille Carré et l'ex-pongiste handisport Yann Jondot se sont lancés dans un périple en pirogue en Guyane aux côtés de l'aventurier Arnaud Chassery pour sensibiliser sur l'accessibilité. Partis fin janvier 2022, les trois sportifs descendent des rapides sur les fleuves Maroni et Oyapock dans la forêt amazonienne pour accéder à des villages isolés, rencontrer des jeunes et les sensibiliser au handicap et à la mobilité.
Parc accessible à tous : un exemple à suivre ?
"L'aventure et l'exploration sont des vecteurs formidables. Nous sommes d'abord allés au village de Saül, dont on veut faire un symbole. Ce village est en plein cœur de la forêt amazonienne et il a été rendu accessible à toutes les formes de handicap. Il y a un parc amazonien avec des sentiers adaptés", explique à l'AFP Arnaud Chassery, initiateur du projet "Handi'Cap sur l'Amazonie" et auteur de multiples exploits notamment avec le quadri-amputé Philippe Croizon. "C'était la première fois que Yann (Jondot) allait dans la forêt amazonienne et même la première fois qu'une personne en situation de handicap se rendait à Saül. Yann veut vraiment en faire un exemple : si aujourd'hui un village au milieu de la forêt peut se rendre accessible alors pourquoi pas une commune en France. Il était ému", raconte Chassery.
Un trio en "or"
Jondot, paraplégique à la suite d'un accident de moto, a été nommé ambassadeur national à l'accessibilité fin 2018 par le gouvernement. L'ancien champion du monde de tennis de table handisport avait gravi le Kilimandjaro en 2017 avec Chassery (article en lien ci-dessous). En Guyane, le tandem a été accompagné par Cyrille Carré, quintuple médaillé mondial (dont deux en or) de kayak, qui a pris part à trois Jeux olympiques (2008, 2012, 2016). "Cyrille était là pour la sécurité de Yann. Et pour faire le lien avec les Jeux de Paris en 2024, où les gens doivent pouvoir se rendre vraiment partout", souligne Chassery, parti également avec un infirmier. "On a fait cinq heures de pirogue et quatre heures de piste en véhicule pour se rendre à la frontière brésilienne. C'était compliqué sous la pluie, Yann est blessé à force d'être assis tout le temps. L'infirmier lui refait les pansements plusieurs fois par jour", relève Chassery.
Le projet Handi'Cap sur l'Amazonie s'est fait de concert avec l'EPNAK (établissement public dédié au handicap), venu équiper de lunettes une centaine de piroguiers locaux souffrant de maladies oculaires.