Un bébé. Ses pleurs incessants, ses cris... En face, sa nounou, exaspérée, harassée. Et le geste de trop. A 4 mois, Axel a été victime du syndrome du bébé secoué (article en lien ci-dessous) dit aussi « d'impact des secousses ». Ce geste d'énervement, loin d'être anodin. Après avoir frôlé la mort, le garçon de 7 ans vit aujourd'hui avec une déficience visuelle et une épilepsie ayant brisé tout espoir d'une scolarité et d'une vie « ordinaires ». Axel est loin d'être un cas isolé. Chaque année, plusieurs centaines d'enfants sont victimes d'un « traumatisme crânien non accidentel », avec un pic d'incidence entre deux et quatre mois. Et la pandémie de Covid-19 n'a rien arrangé... Selon une étude menée par l'hôpital Necker-Enfants malades AP-HP et l'Université Paris cité, leur nombre a récemment explosé.
Doublement des cas en région parisienne
Les résultats publiés le 30 août 2022 dans le Journal of the American medical association (JAMA) sont glaçants. Après une période de stabilité en 2020, le syndrome du bébé secoué a vu son incidence doubler et sa mortalité décupler en 2021 en région parisienne, par rapport à la période pré-pandémique. Selon les scientifiques, 32 cas ont été enregistrés en 2021 (dont neuf décès), contre 17 en 2020 et 50 entre 2017 et 2019, seulement dans ce territoire. En cause ? Un isolement, une promiscuité familiale et un relâchement de la prévention qui ont favorisé les violences.
Des séquelles à vie
« Après des secousses extrêmement violentes, le bébé peut arrêter de respirer, et des lésions cérébrales, oculaires et de la moelle épinière peuvent survenir », explique la Fondation paralysie cérébrale, qui donne l'alerte. Des pertes de neurones importantes peuvent aussi être occasionnées. Ce syndrome est une des causes post-natales de paralysie cérébrale -premier handicap moteur de l'enfant-, qui reste pourtant méconnue. 75 % des bébés qui survivent connaîtront des séquelles très lourdes, comme un retard du développement psychomoteur ou un handicap moteur, mais aussi des troubles cognitifs, des difficultés d'apprentissage, des problèmes de comportement, des troubles de l'alimentation ou du sommeil, un déficit visuel ou auditif pouvant aller jusqu'à la cécité ou la surdité, des crises épileptiques... Pour limiter leur impact, une seule solution : le repérage précoce.
Les symptômes qui doivent alerter
Les symptômes surviennent, la plupart du temps, immédiatement après le secouement. Certains peuvent être liés à une atteinte neurologique grave : somnolence habituelle, troubles de la conscience, rigidité du corps ou, au contraire perte de tonus, pauses respiratoires, mouvements anormaux ou convulsions... « D'autres signes, apparemment moins graves, doivent cependant alerter », affirme l'Assurance maladie, parmi lesquels : diminution de l'appétit, vomissements, perte du sourire ou du babillage habituels, extrême irritabilité, pleurs inhabituels, mouvements anormaux des yeux... « Face à ces symptômes, contactez les secours médicaux d'urgence », rappelle-t-elle.
Le 7 juillet 2021, le Conseil d'Etat a confirmé les consignes données par la Haute autorité de santé aux médecins depuis 2017 pour identifier les jeunes concernés. Les instructions sont claires : tout diagnostic d'un syndrome du bébé secoué doit désormais conduire à l'hospitalisation en soins intensifs pédiatriques du nouveau-né et à un signalement au procureur de la République par le professionnel de santé.