Pour faire de l'accessibilité un enjeu populaire, la meilleure option était de s'appuyer sur un phénomène de société. 5.3 millions de spectateurs pour la série phare de France 3 Plus belle la vie. Alors, lorsque le Gouvernement lance, comme il l'avait promis dès 2013 à l'occasion du Comité interministériel du handicap, une grande campagne sur l'accessibilité universelle (1.5 millions d'euros de budget), il fait preuve d'une certaine audace en mettant à contribution l'équipe et les comédiens de cette série mythique. C'est la première fois que cette fiction plutôt engagée, qui aborde sans détour toutes les questions de société, et notamment le handicap, prête ainsi son image à un programme court. Le nom de cette nouvelle campagne tout handicap est d'ailleurs sans équivoque : « Plus belle la vie : ensemble ».
Du 7 septembre au 18 octobre 2015
« Une évidence », selon Manuel Valls. C'est à Matignon, le 4 septembre 2015, que le Premier ministre a lancé, en présence de Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de Ségolène Neuville, secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, et de Delphine Ernotte, nouvelle présidente de France Télévisions, cette nouvelle campagne. Composée de 20 saynètes de 60 secondes, elle sera diffusée sur toutes les chaînes du groupe du 7 septembre au 18 octobre (vers 20h35). L'esprit y est bon-enfant, familier, traité avec humour. On y retrouve les décors, les comédiens et surtout le ton de la série tournée à Marseille ; des acteurs handicapés, qu'ils soient déficient visuel, trisomique ou myopathe, ont également rejoint la troupe le temps d'un tournage. La plupart des handicaps sont abordés, même invisibles, comme les troubles psychiques, pour en finir avec le cliché « handicap = fauteuil ».
L'inclusion : bonne pour tous !
« On y parle d'expériences simples où chacun est invité à se mettre à la place, explique Manuel Valls. » Et Marisol Touraine d'ajouter : « Ce n'est pas en restant dans les codes classiques de la communication que l'on pouvait sensibiliser les Français. Il fallait créer un état d'esprit pour que tous se sentent coresponsables, en quelque sorte, d'une simplification de la vie des personnes en situation de handicap. » Pour atteindre son objectif, le parti pris de cette campagne est d'interpeler sans opposer, de sensibiliser sans heurter. Trop édulcoré reprocheront certains, une propagande trop loin des réalités… Son message, certes tout en douceur, se veut rassembleur : convaincre que l'inclusion c'est bon pour tous. Alors autant prendre un gant, et pourquoi pas de velours, quand les associations de personnes handicapées ont brandi depuis des mois une main de fer pour manifester contre les reports d'accessibilité, sans pour autant se faire entendre (articles en lien ci-dessous). Ségolène Neuville en convient : « certes, les associations le disent mais lorsque ce sont les acteurs de Plus belle la vie, à une heure de grande écoute, ça a forcément plus d'impact. » Ainsi va la vie de ceux qui ne sont pas concernés… Mais qui, à la faveur d'une fiction, pourraient, peut-être, changer la réalité. Faut-il l'espérer ?