Des perspectives pour traiter, voire guérir, certaines maladies de façon simple et efficace comme la drépanocytose (une maladie héréditaire des globules rouges), la mucoviscidose et certains cancers ? C'est l'espoir offert par une technique baptisée « CRISPR-Cas9 » qui permet aux chercheurs d'insérer, de retirer et de corriger l'ADN de façon simple et efficace. Pourtant, au-delà des effets bénéfiques attendus en cas de maladie ou de handicap, elle soulève de sérieuses questions d'ordre éthique.
Eviter une modification « contraire à l'éthique »
A ce titre, le Comité international de bioéthique de l'Unesco a appelé le 5 octobre 2015 à un moratoire sur les techniques d'« édition » de l'ADN des cellules reproductrices humaines afin d'éviter une modification « contraire à l'éthique » des caractères héréditaires des individus, qui pourrait faire resurgir l'eugénisme. Composé de scientifiques, de philosophes, de juristes et de ministres, ce comité de de l'Unesco qui veille au respect des principes de dignité et de liberté de la personne humaine depuis 1993, a publié un rapport mettant à jour sa « réflexion sur le génome humain et les droits de l'homme ». Il appelle de ses vœux un vaste débat public sur les modifications génétiques de l'ADN humain.
Une technique prometteuse ?
Depuis 2012, des chercheurs ont notamment développé une technique baptisée « CRISPR-Cas9 » qui permet « d'insérer, de retirer et de corriger l'ADN de façon simple et efficace », souligne l'Unesco dans un communiqué. Cette technique révolutionnaire a le vent en poupe dans les laboratoires. La Française Emmanuelle Charpentier et l'Américaine Jennifer Doudna qui ont mis au point le CRISPR-Cas9 apparaissent même comme des lauréates possibles du prix Nobel de Chimie. Le Comité de bioéthique de l'Unesco relève d'ailleurs que cette « ingéniérie du génome » est extrêmement « prometteuse » pour le bien de l'humanité. Mais ce développement semble « nécessiter des précautions particulières et soulève de sérieuses inquiétudes, particulièrement si cette édition du génome humain devait s'appliquer » aux cellules reproductrices et « introduire des modifications héréditaires qui seraient transmises aux générations futures », ajoute-t-il.
Des risques d'eugénisme
La technique CRISPR-Cas9 pourrait en effet guérir certaines maladies mais elle peut aussi rendre plus facile la possibilité de modifier l'ADN humain afin, par exemple, de « déterminer la couleur des yeux des bébés » pour certains chercheurs qui travaillent sur les embryons, les ovules ou le sperme. « Les interventions sur le génome humain devraient être autorisées uniquement pour des raisons de prévention, de diagnostic et de thérapeutique et sans que cela entraîne des modifications pour la descendance, estime le comité. Sinon, cela risque de menacer l'égalité et la dignité de tous les êtres humains et de faire renaître l'eugénisme ».
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