Enfant, Marie-Amélie Le Fur rêvait de devenir sapeur-pompier. Née en 1988 à Vendôme (Loir et Cher), elle pratique l'athlétisme depuis qu'elle a 6 ans mais, à l'âge de 14, est victime d'un terrible accident. Le 31 mars 2004, son scooter est fauché par une voiture. Le choc est terrible, la jeune fille doit être amputée de la jambe gauche sous le genou, une amputation qu'elle-même réclame pour échapper à la douleur. « Pas de place pour le pathos », selon elle ; bien entourée, elle est rapidement équipée de prothèses qui lui permettent de se redresser et de se remettre en mouvement. Elle recommence à courir quatre mois plus tard, jour pour jour…
Une championne hors-pair
Pour la première fois, celle qui est également conférencière en entreprise ou consultante télé pour des événements handisport, a pris la plume. Son livre, Fais de ta vie un rêve (éditions Plume d'éléphant), est paru le 8 octobre 2019. « Je ne suis pas quelqu'un d'extraordinaire. C'est en affrontant et surmontant les défis, certains subis, d'autres choisis, que je me suis construite et que mon itinéraire s'est dessiné. J'ai bien conscience que ce parcours n'est pas commun, et j'ai à cœur de le raconter. ». Sa ténacité et son désir de vaincre l'ont menée sur la plus haute marche du podium. Triple championne paralympique dans la catégorie T44 (100m en 2012 à Londres et 400m et saut en longueur en 2016 à Rio), détentrice de deux records du monde, la championne est, depuis décembre 2018, présidente du Comité paralympique et sportif français. En décembre 2015, elle est nommée co-présidente, aux côtés de Teddy Riner, du comité des athlètes de Paris 2024.
Des blessures profondes
En 200 pages, elle dévoile chaque étape de sa vie, ses joies et ses peines aussi, notamment son désespoir de femme « brisée » après la perte, in utero, de son premier bébé, un sujet qu'on peine, selon elle, à évoquer. La championne s'est sentie trahie par ce corps dont elle croyait avoir fait un allié : « Je pensais connaître mon corps et avoir atteint un haut niveau de dialogue avec lui, écrit-elle. Ne pas avoir reçu ou perçu de signaux de sa part constitue une énorme déception ». Malgré ses blessures, même si le sort s'est parfois acharné, Marie-Amélie dit avoir « une belle vie, plutôt chanceuse. Il y a de la place pour l'imprévu. » Selon elle, « chacun de nous a les cartes pour se reconstruire et les ressources nécessaires pour être acteur de sa vie ». Comme souvent dans un parcours de résilience, elle évoque la place primordiale de son entourage et le soutien inconditionnel de ses proches, de ses entraîneurs, de tous ceux qui ont cru en elle.
Ces derniers mois, elle a mené deux projets de front, l'écriture de ce livre et une nouvelle grossesse. Les deux ont vu le jour au diapason. Marie-Amélie est depuis peu maman d'une petite Anna. Prochain challenge ? Conquérir un 4e titre Paralympiques à Tokyo en septembre 2020.