Le cinéma a été pour elle une revanche sur la souffrance psychique, voire mieux : une renaissance. Isabelle Carré a vécu une adolescence marquée par la dépression, des idées suicidaires et un passage en service pédopsychiatrique à l'hôpital Necker à Paris, lorsqu'elle avait 14 ans. Un épisode douloureux qu'elle retrace dans Les rêveurs, un film touchant et poétique, en salles le 12 novembre 2025. C'est le premier long-métrage de la comédienne notamment révélée dans les Emotifs anonymes, aux côtés de Benoît Poelvoorde.
Son interview inédite (en vidéo ci-contre) est à retrouver sur Handicap.live et les réseaux sociaux de Handicap.fr.
De la douleur à la résilience : le pari d'Isabelle Carré
Adapté de son propre roman, le film s'adresse aux jeunes en proie au mal-être psychologique. À travers des personnages en quête de sens, confrontés à l'isolement et à la fragilité, l'actrice-réalisatrice met en lumière une jeunesse souvent incomprise et offre des pistes concrètes pour renouer avec l'élan vital. Les Rêveurs explore aussi l'évolution de la pédopsychiatrie, depuis l'essor de pratiques telles que l'art-thérapie dans les années 1980 jusqu'à la crise actuelle de l'accès aux soins.
Une pédopsychiatrie en crise
Isabelle Carré s'adresse aussi à l'État et pointe ses responsabilités face à la saturation des structures et aux « coupes budgétaires » en psychiatrie, alors que les besoins augmentent. Et de dénoncer les inégalités territoriales et la disparition progressive de dispositifs pourtant essentiels à la reconstruction des adolescents.
L'art de sublimer la douleur
Face à ce constat, la réalisatrice appelle à repenser la prise en charge de la souffrance psychique des jeunes : créer de nouvelles structures d'accueil, revaloriser les métiers du soin et mieux former les professionnels de la santé mentale. Mais ce qu'on retient surtout dans ce long-métrage d'1h46, c'est un message d'espoir : la douleur peut se transformer en force. À travers l'amitié et la créativité, Isabelle Carré rappelle qu'il est possible de sublimer la douleur. L'expression de ses émotions si longtemps enfouies lui a permis de devenir une actrice accomplie, capable d'entendre la souffrance des autres.
© Clotilde Costil



