C'est la « démocratisation de l'accès à la formation », a vanté Muriel Pénicaud, ministre du Travail, qui parle carrément d'une « révolution ». Le gouvernement a lancé le 21 novembre 2019 des outils « pratiques », « simples » et « lisibles », selon les mots du Premier ministre, qui permettront de s'inscrire directement en formation sans passer par un intermédiaire. Il s'agit de l'appli « moncompteformation », mais aussi du site internet moncompteformation.fr (en lien ci-dessous), qui viennent finaliser la réforme de ce secteur adoptée il y a un an et dont l'un des objectifs est de simplifier un système unanimement critiqué pour sa complexité. Sophie Cluzel promet qu'il sont tous deux en « accessibilité universelle ».
8 000 euros pour les travailleurs handicapés
Depuis le 1er janvier 2019, le compte personnel de formation (CPF) n'est plus alimenté en heures mais en euros. Il est crédité de 500 euros par an, dans la limite de 5 000 euros. Mais rappelons que, comme pour les salariés non qualifiés, ce montant est majoré pour les personnes handicapées qui travaillent à temps plein ou partiel, présents plus de la moitié de la durée légale de travail : 800 euros par an, dans la limite de 8 000 euros (article complet en lien ci-dessous). Cela concerne, notamment, des personnes de plus de 16 ans admises en ESAT (établissement et services d'aide par le travail), qui ont conclu un contrat de soutien et d'aide par le travail. Pour les salariés ayant moins de 50 % d'un temps complet, leur droit seront calculés au prorata.
100 000 formations dispo
Développée par la Caisse des dépôts, cette nouvelle appli permettra à chaque salarié de connaître ses droits, de trouver, de réserver et de payer la formation de son choix. Le montant moyen actuel disponible sur un CPF est de 1 040 euros, selon le ministère. Le maximum est de 3 240 euros pour ceux qui n'ont encore jamais utilisé ni leur CPF ni leur DIF, ce droit à la formation dont bénéficiaient les salariés avant 2014. Attention : les heures restantes sur le compte DIF devaient être mobilisées avant le 31 décembre 2020 mais, en raison de la crise sanitaire liée à la Covid-19, cette échéance est repoussée au 30 juin 2021.
100 000 sessions de formations sont disponibles dès le 21 novembre, pour un montant moyen autour de 1 400 euros. Il s'agit de formations diplômantes ou certifiantes. Au printemps, entreprises et collectivités pourront abonder le compte des salariés pour favoriser certaines formations. Il sera également possible d'ici quelques mois de noter et d'évaluer les formations suivies.
Relancer la formation
L'exécutif parie beaucoup sur cet outil pour relancer la formation professionnelle, trop peu utilisée par les Français, et ce alors que le chômage reste élevé, que des métiers évoluent et que certains secteurs peinent à recruter. « Si vous avez besoin de vous renforcer sur des compétences techniques ou managériales, si vous avez envie de totalement changer d'activité ou au contraire de creuser votre sillon, (...) qui mieux que vous peut le déterminer ? Personne », a vanté le Premier ministre. Un aspect « individuel » précisément critiqué par le patronat et les syndicats, qui craignent que des salariés dilapident leurs euros dans des formations qui ne leur seraient pas utiles. Selon l'exécutif, 25 millions de salariés et de demandeurs d'emplois ont un CPF. En avril, ce sera aussi le cas de trois millions d'indépendants. L'objectif est qu'un million de personnes l'utilisent chaque année.