Par Vanessa Carronnier
"Kiné, je le serai toute ma vie, alors qu'athlète de haut niveau, c'est sûr que non !" Grâce à une convention réservée aux sportifs de haut niveau, Héloïse Courvoisier, para-athlète de 26 ans, va abandonner un temps son activité professionnelle pour se consacrer pleinement à l'entraînement. Après avoir longtemps pratiqué l'aviron, cette jeune parisienne perce dans le triathlon, discipline qui prévoit l'enchaînement d'une épreuve de natation, de cyclisme et de course à pied. Jusqu'aux Jeux paralympiques de Paris, du 28 août au 8 septembre 2024, cette sportive malvoyante de naissance relate son parcours à l'AFP.
Plus d'entraînements (en binôme)
"Je ne travaillerai pas jusqu'en décembre, puis il faudra renégocier pour 2024. L'objectif est de continuer sur cette lancée jusqu'aux Jeux de Paris. Je ne réalise pas complètement mais c'est une super nouvelle ! Je vais pouvoir m'entraîner davantage et mieux récupérer", explique Héloïse Courvoisier, pour le quatrième épisode de cette série qui lui est consacrée (les trois autres sont en lien ci-dessous). "Ce sera aussi plus facile au niveau organisationnel, je serai libre de partir en stage et nous pourrons nous entraîner plus souvent ensemble ma guide et moi". Sa guide, c'est Anne Henriet, qui vit à Dole dans le Jura et qui a elle aussi obtenu un détachement à mi-temps de son travail d'enseignante d'éducation physique et sportive. Lors d'un triathlon, les deux sportives sont reliées par un lien élastique au niveau de la jambe pour la natation, de la taille pour la course à pied et elles pédalent en tandem pour le vélo.
Son métier : entre équilibre et limite
"Depuis l'obtention de mon diplôme en 2020, je suis kiné dans un centre médico-social auprès de jeunes en situation de handicap moteur", à Paris, indique Héloïse Courvoisier. Avoir un métier à côté du sport, "c'est une forme d'équilibre, mais il y a un moment où cela devient une limite parce que c'est aussi du temps, de la fatigue. C'était difficile de m'entraîner tout en travaillant. Ma direction était compréhensive, elle me permettait de poser des jours quand je devais m'absenter pour des stages ou des compétitions et je rattrapais les heures à mon retour". "Quand je m'absentais, j'avais toujours un petit pincement au cœur, ce n'était pas très cohérent par rapport au suivi des jeunes que je devais assurer." Mais pas question d'abandonner ses rêves olympiques...
Un désir de s'écarter de la "voie familiale"
Devenir kinésithérapeute, "c'était une vocation mais je n'avais pas envie de l'admettre parce que je considérais ce métier comme celui des malvoyants, ce qui ne me plaisait pas trop. Mes parents travaillaient aussi dans le paramédical et je n'avais pas envie non plus de suivre la voie familiale". "Au début, je m'orientais plutôt vers la kiné du sport mais, après quelques stages, j'ai trouvé les sportifs vraiment 'relous'!", déclare en riant cette grande sportive. "J'ai ensuite effectué des stages en pédiatrie et j'ai trouvé là ce qui me plaisait vraiment." "Mon travail est très ludique, je ne m'ennuie jamais, je joue toute la journée avec les enfants. C'est très gratifiant de voir leurs progrès, parfois en très peu de temps."
Après les Jeux de Los Angeles, retour à la kiné !
"Ce n'est pas facile de renoncer pour un temps à leur accompagnement, poursuit Héloïse Courvoisier. J'en suivais certains depuis trois ans. Mais, au moins, je garde cette place dans un travail qui m'anime vraiment." "Je suis contente de savoir que je pourrai reprendre le travail à peu près normalement après les Jeux de Paris, au moins pour une période. Car je n'ai pas envie d'arrêter tout ce que j'ai mis en place pour Paris 2024, j'ai encore le temps de faire de bonnes performances. J'aimerais aller jusqu'aux Jeux paralympiques suivants, à Los Angeles, en 2028, conclut-elle. Ensuite, on verra, mais je suis sûre que je reviendrai à la kiné."
© Facebook Héloïse Courvoisier - Paratriathlète