Par Vanessa Carronnier
Après avoir longtemps pratiqué l'aviron, Héloïse Courvoisier perce dans le triathlon, qui prévoit l'enchaînement d'une épreuve de natation, de cyclisme et de course à pied. Jusqu'aux Jeux paralympiques de Paris, du 28 août au 8 septembre 2024, cette sportive malvoyante de naissance relate son parcours à l'AFP. "Au début, Cyril m'énervait ! J'aime bien avoir raison et forcément, il avait plus raison que moi. Nous avons appris à nous connaître et nous nous entendons bien. Ce n'est pas un suivi quotidien mais nous nous voyons régulièrement, notamment lors de stages et de courses", dit-elle, pour le troisième épisode de cette série qui lui est consacrée (deux autres articles précédents en lien ci-dessous).
Chaque semaine, Cyril Viennot -champion du monde du triathlon longue distance en 2015- envoie à Héloïse le planning d'entraînement sur une application. "J'apprends par coeur le détail de chaque séance", précise-t-elle. "Parfois, Cyril précise dans le planning qu'un entraînement est optionnel. Mais, pour moi, ça n'existe pas l'optionnel. Si c'est marqué, je le fais ! Depuis qu'il m'entraîne, j'ai loupé sans doute au maximum deux séances : une parce que j'étais vraiment très fatiguée, l'autre parce que mon appartement avait été inondé par la machine à laver".
Entraînement en musique
Pendant l'entraînement, "j'ai le réflexe de prendre mes temps avec ma montre. En natation, je dois parfois enchaîner des longueurs en allant de plus en plus vite. Je peux avoir l'impression d'accélérer mon rythme mais me rendre compte après coup, avec le chrono, que ce n'était pas du tout le cas". "Je m'entraîne souvent seule pour la course à pied", sur le tapis de course ou en plein air. "Certains jours, c'est plus facile que d'autres. Je courrais certainement moins sur le tapis s'il y avait quelqu'un pour s'entraîner avec moi. Je mets ma musique, ce qui fait passer le temps. Courir sans musique, sans personne, c'est horrible !"
"Je ne suis pas toujours seule. En natation, je fais la moitié de mes séances en club. Il faut garder le rythme du groupe, c'est stimulant, ça parait moins long que lorsque je nage seule". Et la jeune femme s'entraîne aussi avec sa guide, Anne Henriet -compagne de son coach- : lors des courses, les deux sportives sont reliées par un lien élastique au niveau de la jambe pour la natation, de la taille pour la course et pédalent en tandem pour le vélo.
S'imposer l'entraînement
"Parfois, je manque de motivation et je vais à l'entraînement un peu tard. Ces jours-là, à la maison, je commence à faire une tâche, puis une autre... Je laisse un peu ma journée filer. Plus je suis fatiguée, plus je vais laisser traîner. Mais je fais toujours la séance prévue, je suis disciplinée". "Des fois, tu es obligée de 't'imposer' l'entraînement. Comme j'ai des objectifs, je sais pourquoi je le fais, je ne m'entraîne pas dans le vent. La sélection pour les Jeux paralympiques, c'est un véritable enjeu". "Cyril est très rassurant, il est posé, il m'aide à avoir du recul" sur les courses et sur les performances. "Je ne peux bénéficier de ses conseils techniques que de façon ponctuelle, c'est la limite du suivi à distance. Mais ce n'est pas une contrainte qu'il ne soit pas là tout le temps. S'il était tout le temps à mes côtés, il me corrigerait sans arrêt ! C'est confortable aussi d'être seule, il n'y a pas la pression d'être scrutée par quelqu'un en permanence". "Cela me permet d'être un peu plus libre et de courir par exemple sur le tapis devant une série, au lieu de sortir. Sans faire les choses en dilettante, bien sûr".