« Qui travaille pour 11,88 euros de l'heure ? » Depuis 30 ans qu'elle exerce son métier « avec passion », Nadia dépasse à peine la barre des 2 000 euros net. Aide à domicile, elle manifestait comme d'autres professionnels du médico-social le 1er avril 2025, sous les fenêtres du ministère de la Santé, à Paris, à l'appel de plusieurs syndicats (notre reportage en vidéo ci-contre). CFDT, CFTC, Sud, CGT, FO, CFE-CGC étaient réunis, une collaboration qui n'arrive que « très rarement » à en croire l'un de ces acteurs. Entre 80 et 90 manifestations étaient organisées à travers la France, avec un mot d'ordre : réclamer des moyens supplémentaires dans un secteur qui se meurt.
Manque de moyens et de prise en compte de l'humain
D'après Ève Rescanières, secrétaire générale CFDT santé-sociaux, « la branche a perdu 25 000 emplois » par manque d'attractivité. Mehdi, éducateur spécialisé dans une association qui vient en aide à des personnes ayant des troubles psychiques, venu manifester « pour la troisième fois de sa carrière », déplore le manque de moyens et la « remise en cause des droits acquis depuis de nombreuses années, notamment les congés trimestriels ». Selon l'une de ses collègues, ce sont les « logiques budgétaires qui priment » alors qu'elle s'inscrit en tant que professionnelle dans la « prise en compte de l'humain ».
Unifier le secteur
« Nous réclamons une meilleure considération du personnel médico-social », indique Geneviève, éducatrice spécialisée. « Nous souhaitons également unifier le secteur sous une seule convention collective pour faciliter la mobilité et prévenir l'usure professionnelle », précise Ève Rescanières. Selon elle, un budget supplémentaire de 2,3 milliards d'euros est nécessaire pour répondre aux besoins du secteur. La révision du ratio soignants-soignés serait également « indispensable » pour garantir des conditions de travail acceptables.
Attirer de nouveaux talents
Ces revendications s'inscrivent dans un contexte social particulier alors que le vieillissement de la population est un enjeu majeur, avec une augmentation des besoins en personnel qualifié pour la prise en charge des personnes âgées. « Il est crucial de valoriser ces métiers pour attirer et retenir les talents nécessaires », poursuit un manifestant. Et d'ajouter : « Aider les autres, c'est important. Il ne faut pas laisser les personnes en difficulté de côté. Elles doivent être dans la société, parmi nous et avec nous. Et si le travail social ne se mobilise pas aujourd'hui, c'est les abandonner tout simplement. ».
© Clotilde Costil
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