Croizon sur le rallye d'Espagne : 1er test grandeur nature

Philippe Croizon relève le défi du rallye Baja-Aragon. Conforté par son équipe, son mental et la qualité des aménagements qui lui permettent de conduire son buggy en toute autonomie, il poursuit son entraînement en vue du Dakar 2017...

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La Baja Aragon, en Espagne, est l'un des must du rallye d'endurance, une course internationale parmi les plus éprouvantes. Philippe Croizon, sportif de l'extrême quadri-amputé, et son team ont réalisé un chrono très honorable, se classant 7e dans la catégorie open sur les 10 concurrents qui ont franchi la ligne d'arrivée (ils étaient 15 au départ). La course s'est tenue du 22 au 24 juillet 2016. Epreuve du championnat du monde d'endurance de la FIA (Fédération internationale automobile), elle réunit tous les grands noms de la discipline, étape incontournable pour ceux qui préparent le Dakar : Nani Roma, Carlos Sainz, Mikko Hirvonen... Sans oublier Nasser Al Attiyah, vainqueur de cette édition.

Confiance en crescendo

La Baja, ce sont 600 km en trois étapes. L'équivalent d'une « journée » de Dakar. « Sur les prologue de 9 km, le premier jour, j'avoue que je ne n'étais pas super à l'aise dans mes baskets, confie Philippe Croizon. Beaucoup de pression car j'ai pris conscience que je m'engageais dans un énorme challenge et que je me frottais aux meilleurs. » A l'issue de cette première épreuve, il occupe en effet le bas du classement. Le lendemain, il lui faut donc monter d'un cran : deux parcours de 200 km chacun. « Ça allait déjà mieux mais je n'étais pas encore au top de mes capacités, poursuit-il. J'avais du mal à mettre les gaz dans la ligne droite pour pousser jusqu'à 160 km/h. » Le terrain, montagneux et aride, n'autorise aucune hésitation : de la terre, du sable et des pierres, surtout des pierres. Et puis la chaleur suffocante laisse présager l'une des contraintes majeures sur le Dakar...

Des aménagements inédits

Le parcours s'avère très technique. Sur certains passages, le danger est de niveau 3, le max ! Une piste juste assez large pour laisser passer un buggy et, en contrebas, le ravin. Pas de droit à l'erreur. « Je me suis fait quelques frayeurs mais c'est le métier qui rentre, confie le pilote...» L'occasion de tester ses adaptations inédites : le siège moulé qui maintient ses jambes et surtout le mini-manche, actionné par son bras droit, qui centralise toutes les commandes de direction, accélération et freinage. Le passage des vitesses, le klaxon et les phares, indispensables pour les épreuves de nuit, sont, quant à eux, actionnés grâce à un joystick par le coude gauche. « Tout était parfaitement opérationnel. Les ingénieurs ont vraiment fait un boulot énorme, se félicite Philippe.»

Priorité à l'équipe

Philippe Croizon doit attendre le troisième jour pour prendre ses marques. « J'ai vraiment senti que j'avais apprivoisé mon buggy et me suis lâché, conforté par la présence de mon co-pilote, Cédric Duplé. Il sait enquiller et m'a appris à aller à fond. Dépasser mes limites, je l'ai déjà fait, sur mes traversées à la nage. Mais, en course auto, pas question de prendre le moindre risque car je ne suis pas seul ! Priorité à l'équipe. » L'esprit d'équipe c'est aussi accepter de perdre des places au classement pour aider un concurrent qui a fait une sortie de route. Philippe gagne en confiance et améliore son temps de 12 minutes sur le même circuit que la veille.

Rencontre avec Nasser Al Attiyah

Au micro, le speaker encourage les performances de ce concurrent pour le moins « atypique ». Le Qatari Nasser Al Attiyah, deux fois vainqueur du Dakar, notamment en 2015, prend le temps de venir à sa rencontre, intrigué par ce prototype qui permet à un pilote quadri amputé de conduire en totale autonomie. Il confie suivre Philippe sur les réseaux sociaux.

Prochaine étape : rallye du Maroc

Prochaine étape les 30 et 31 juillet sur le circuit Pau-Orthez, épreuve du championnat de France. Rouler, rouler, rouler, pas pour le palmarès mais pour gagner en expérience. Avant de renouer avec les challenges ultra sur le circuit du Maroc en octobre. L'antichambre du Dakar, une répétition générale, avec l'ensemble de l'équipe et notamment Yves Tartarin, 18 Dakar à son actif, qui accompagne Philippe dans cette aventure. Autre pays, autre décor, autre cadence avec, en ligne mire, le grand départ à Asunción (capitale du Paraguay) le 2 janvier 2017 !

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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