Dakar 2017 ! Un pari fou, celui de Philippe Croizon, nageur quadri-amputé qui a traversé la Manche à la nage. Il relève un défi aussi insensé en se lançant dans la préparation du Dakar 2017. C'est la première fois qu'un pilote aussi lourdement handicapé tente sa chance sur cette course mythique. Le 9 janvier 2016, il a officiellement reçu sa licence de pilote ; il fallait pour cela qu'il parvienne à s'extraire du véhicule en toute autonomie en moins de 25 secondes, devant le médecin de la FIA (Fédération internationale automobile). Premier pari réussi… D'autres à suivre : entièrement moduler son buggy, s'entraîner, apprendre à piloter… Il n'a que quelques mois pour être au top. Il peut compter sur une équipe de pros qui a accepté de le suivre dans cette aventure, à commencer par Yves Tartarin, pilote émérite, 18 Dakar à son actif ! C'est le team manager, l'homme-orchestre de cette équipe atypique, qui lui prête son fidèle et increvable buggy. Il nous confie les 5 bonnes raisons qui l'ont poussé à suivre Philippe dans cette pure folie !
Raison 1 : Parce qu'on ne peut rien lui refuser !
Un jour, je reçois un coup de fil. Philippe Croizon au téléphone. On habite le même département alors, forcément, j'ai entendu parler de lui. Il m'explique son projet. Je connais les titres de gloire du monsieur ; lorsqu'il s'est mis en tête de traverser la Manche, il savait à peine nager. Alors, respect ! Et puis, bonne voix, bon feeling. Sans hésiter une seconde, je dis : « Banco ! Mais va y avoir du boulot…».
Raison 2 : Parce que le Dakar, c'est un rallye de ouf !
Le Dakar, c'est l'épreuve la plus difficile en termes de rallye raid. De toute façon, il faut être un peu fou pour y aller. Les gens « aptes » ont déjà du mal. Les statistiques le prouvent : à peine 50 % parviennent au but. Alors, en étant néophyte et avec un handicap, c'est sûr qu'on multiplie les difficultés. Mais je suis convaincu qu'avec un performer comme Philippe on va y arriver. Je le sens hyper motivé et, avec notre équipe soudée, on va soulever des montagnes. Mais que l'on soit bon ou mauvais, pro ou débutant, il faut toujours rester super humble.
Raison 3 : Parce que le handicap, Yves connait déjà !
En 2014 déjà, j'ai accompagné un pilote paraplégique, Albert Llovera (Andorre). Sur les trois dernières étapes, toute l'équipe a été son saint-bernard et c'est cela qui lui a permis d'arriver. Lorsqu'il a franchi la ligne, l'émotion était incroyable. Une de mes plus grandes satisfactions. Cette année, Albert repart… avec un camion ! Il y a eu d'autres pilotes handicapés sur le Dakar, comme par exemple un ancien de la Formule 1. Mais c'est sûr qu'avec Philippe, les affaires se corsent un peu…
Raison 4 : Parce que son Buggy n'est plus à çà près !
Philippe et Mathieu vont piloter mon buggy qui a déjà deux Dakar à son actif, les 24 heures de Paris et des épreuves en Russie. Quant à moi, j'en suis à mon 18ème Dakar, le premier en 1988. Avec Philippe, ce sera mon 19ème. J'ai fait trois Dakar en solo sans assistance. Ce sera un challenge de plus mais c'est vrai qu'il faut qu'on soit un peu timbrés pour se lancer dans un truc pareil. C'est ça le Dakar, il faut de l'insouciance face à un défi aussi énorme.
Raison 5 : Parce que Philippe a besoin d'un « buggy-sitter » !
Sur place, je serai derrière lui, en tant qu'assistance rapide. Je suis également inscrit dans la compétition mais avec interdiction de le dépasser. Je serai en quelque sorte son « porteur d'eau ».