Né avec une malformation congénitale, Dias, 28 ans, participera à neuf compétitions durant les Jeux paralympiques. Jeudi 8 septembre 2016, il a gagné sur 200 m libres S5, avec 10 secondes d'avance sur l'américain Roy Perkins. D'où la comparaison avec Phelps, le nageur de Baltimore qui, avec 28 médailles dont 23 en or, est le sportif le plus titré de l'histoire des Jeux olympiques.
Sur la voie de Phelps
« Je suis Daniel Dias, je veux construire mon propre espace, mais je suis fier qu'on me compare à ce grand athlète », a déclaré à l'AFP le Brésilien, sa médaille autour du cou. Dias pourrait arriver à 24 médailles au Brésil et dépasser l'Australien Matthew Cowdrey, qui en a 23 et n'est pas présent à Rio-2016. Et à Tokyo 2018, dépasser Phelps... « Je ne pense jamais à ça, tout ce que je veux c'est donner le meilleur de moi et bien nager. La médaille est le résultat de l'effort », affirme-t-il. C'est la nageuse américaine Trischa Zorn, aujourd'hui âgée de 52 ans, qui détient le record de médailles de l'histoire paralympique : 55 au total dont 41 en or, 9 en argent et 5 en bronze.
Émotion à domicile
Dias a remporté son premier or à Rio et le 7e consécutif, après avoir gagné tous les tournois disputés en 2012 à Londres, où il a battu cinq records mondiaux et été consacré pour la deuxième fois comme le meilleur athlète paralympique du monde. L'émotion de gagner à domicile, toutefois, est unique : le « c'est le... champion ! » qui a résonné dans la piscine ou l'hymne national entonné d'une seule voix, « c'est plus émouvant que je ne pensais », confie-t-il. Il a des chances de recommencer huit fois l'expérience avec le soutien bruyant des supporters brésiliens dans les tribunes dont sa femme, ses deux enfants et ses parents. Il s'apprête à disputer les 50 et 100 m libres, 50 m papillon, 100 m brasse et 50 m dos. Il participera également à trois épreuves de relais.
« C'est unique et je ne le vivrai plus jamais, il faut profiter de chaque seconde », souligne le vainqueur de trois prix Laureus, l'Oscar du sport, dont le dernier en date, en avril, à Berlin. De retour au village des athlètes, la médaille l'accompagne : « On ne veut pas la quitter », confie Dias, qui détient 14 titres mondiaux.
Accouchement prématuré
À l'aube du 28 mai 1988, Daniel de Faria Dias est né à Campinas, dans l'État de Sao Paulo. Sa mère, Raquel Dias, raconte comment après un petit saignement elle est allée à l'hôpital où son fils est né prématurément à 37 semaines, ne pesant que 1,9 kg et mesurant 41 cm. Elle se rappelle avoir versé toutes les larmes de son corps après l'accouchement « sans savoir pourquoi », comme le raconte la page web de l'athlète. « Plus tard on nous a dit que notre fils n'avait ni pieds, ni mains », poursuit-elle. En réalité, il a une jambe.
Devenu adolescent, il apprend à utiliser une prothèse, qu'il casse plusieurs fois en jouant au foot. À 16 ans, il voit à la télévision Clodoaldo Silva (qui a allumé la torche olympique lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Rio mercredi 7 septembre 2016). De là naît le coup de foudre pour la natation adaptée et le début de la légende, après avoir fait face à de cruels préjugés. Souvent, ses camarades le touchaient « pour savoir s'il était vrai ».
© Bob Martin / OIS