Le dépistage précoce des troubles autistiques (TSA) est dans toutes les bouches, et notamment celle du gouvernement français qui assure vouloir en faire son cheval de bataille dans le cadre de sa stratégie autisme. Il a, entre autres, instauré un forfait prévoyant le remboursement de psychologues, psychomotriciens et ergothérapeutes avec l'objectif d'identifier, le plus tôt possible, les troubles du neuro-développement et d'initier, pour les enfants de 0 à 7 ans, une intervention adaptée pour favoriser leur développement et limiter les sur-handicaps (article en lien ci-dessous). De son côté, la Haute autorité de santé recommande une consultation médicale, par une équipe spécialisée, dans les trois semaines qui suivent une suspicion d'autisme, estimant que, plus le diagnostic est précoce, plus vite l'enfant recevra l'accompagnement nécessaire. Mais ne pas confondre repérage précoce (fait par les parents ou les professionnels de premier rang, notamment dans les crèches en cas d'une suspicion) et dépistage systématique qui consiste, dans une dimension active des pouvoirs publics, à passer "tous" les enfants au tamis. En effet, il ne permettrait pas forcément un diagnostic fiable pour tous les enfants concernés...
Retard du développement significatif
Une étude norvégienne (en lien ci-dessous, en anglais), dont les résultats sont parus dans BJPsych Open affirme que le dépistage systématique précoce de ces troubles n'est pertinent que pour ceux ayant un retard du développement significatif. Elle a été menée auprès de 58 520 mères, en mesurant leur sensibilité et la spécificité de leur communication sociale à travers un questionnaire de 40 items. A la fin du suivi, 385 personnes (0,7 %) atteintes de TSA ont été identifiées parmi les enfants des répondantes. L'étude souligne que la fiabilité du diagnostic dépend de plusieurs facteurs. Pour les enfants n'arrivant pas à faire des phrases à l'âge de 3 ans, elle oscille entre 46 % et 69 %. Pour ceux qui y parviennent, elle est comprise entre 13 % et 34 %. Forts de ces résultats, ses auteurs estiment que des programmes universels de dépistage systémique précoce des troubles du spectre autistique ne sont pas « recommandés ».