Un Français sur cinq présente les symptômes d'un état dépressif, depuis la pandémie de Covid-19*. Parmi eux, le fils de Frédéric Leroy, âgé de 20 ans. « La maladie l'entraîne dans un cercle vicieux de la sédentarité (plus il se sent mal, moins il bouge, et inversement). » Mais, parmi ce flot d'idées noires, un rayon de soleil pointe : « Le sport lui fait le plus grand bien et l'aide dans son rétablissement ». En se renseignant sur l'impact de l'activité physique sur le moral, Frédéric Leroy se rend compte que, malgré des liens démontrés scientifiquement, elle est très peu utilisée dans les parcours de soins. Alors, en 2021, il décide de créer l'association « Je bouge pour mon moral » (présentation en vidéo ci-contre), qui vise à encourager les personnes en souffrance psychique à bouger pour se sentir mieux dans leurs « baskets ».
Le sport, un accélérateur de rétablissement personnel
En janvier 2022, l'association lance à Nancy (Grand Est), un programme pilote d'accompagnement de personnes avec des troubles anxiodépressifs qui couple activité physique et lien social. L'enjeu : en complément des thérapies usuelles (psychothérapie et médicaments), en faire un accélérateur de rétablissement personnel et un outil de prévention des rechutes. Au programme : sept semaines d'accompagnement par des professionnels pour retrouver confiance en soi et briser l'isolement. Cette « approche radicalement nouvelle dans le domaine de la santé mentale forme un nouvel espoir dans le traitement de ces troubles », estime l'association dans un communiqué.
Marche nordique et atelier de gestion de l'anxiété
Ce programme repose sur deux séances de marche nordique par semaine, un atelier de gestion du stress et de l'anxiété hebdomadaire (en option) combinant différentes techniques de sophrologie, relaxation, cohérence cardiaque, ainsi que des webinaires sur les habitudes de vie bénéfiques à la santé mentale (alimentation, activité physique, psychologie positive, sommeil...). Un accompagnement de plus long terme est également proposé, avec des activités collectives (randonnées et évènements sportifs), pour ancrer la pratique dans la durée et entretenir le lien social, ainsi qu'un soutien individuel avec un enseignant en activité physique adaptée au rythme de cinq séances par an.
Moins de symptômes et plus d'estime de soi
Au total, 162 personnes en état de « vulnérabilité psychique », en très grande majorité des femmes (90 %), y ont participé en 2022. Une nouvelle session, réunissant 130 personnes, se tient dans les villes de Nancy et Metz jusqu'au 15 avril 2023. Et les retours des premiers participants sont prometteurs : réduction des symptômes dépressifs de plus de 50 % en sept semaines, augmentation rapide de l'estime de soi (+ 14 % en sept semaines / + 20 % en dix semaines), sans compter une amélioration de la santé physique des participants, notamment de la tonicité musculaire et l'endurance. Ils constatent également une efficacité pour des dépressions sévères qui évoluent vers un niveau de dépression légère en dix semaines.
Un programme spécifique pour les jeunes ?
A l'issue de ces premiers résultats « très positifs », l'Agence régionale de santé Grand Est a décidé d'intégrer le programme dans le dispositif régional de prescription médicale d'activité physique Prescri'mouv. L'association Je bouge pour mon moral souhaite désormais essaimer cette méthode dans d'autres villes de la région (Mulhouse, Colmar, Strasbourg et Reims). Prochaines sessions ? Du 15 mai au 1er juillet et du 15 octobre au 2 décembre 2023. Avant une généralisation sur tout le territoire ? Avant cela, « nous allons développer au plus vite un programme spécifique pour les jeunes de 15 à 25 ans, fortement impactés par le Covid », révèle Frédéric Leroy.
* Résultat de la vague 35 de l'enquête CoviPrev, 12-19 septembre 2022