« Direction l'aventure ! » En mars 2024, la startup Poppins lance son projet éponyme, le premier jeu vidéo à visée thérapeutique pour la prise en charge des enfants avec des troubles du neurodéveloppement, et notamment dyslexiques, de 7 à 11 ans. Sa promesse ? « Leur redonner confiance grâce à un parcours de soin ludique et personnalisé. » Le « gaming », nouveau « médicament » 2.0 ?
Prise en charge actuelle insuffisante
Cette application (disponible sur Google Play et l'App store), fruit de cinq ans de recherches cliniques en sciences cognitives, est né d'un constat : « Le parcours de soins actuels des enfants dys ne permet pas une prise en charge suffisante (45 minutes par semaine au lieu de 10 à 30 minutes cinq fois par semaine selon les recommandations du Collège français d'orthophonie) ». En France, 1,3 million d'enfants sont dyslexiques, or il n'existe que 25 000 orthophonistes. « Le temps d'attente pour obtenir un rendez-vous, entre 12 et 24 mois, entraîne une perte de chance aux conséquences importantes », estime la startup française.
Un complément aux thérapies traditionnelles
Poppins (anciennement Mila) entend ainsi favoriser l'accessibilité aux soins dans les troubles du neurodéveloppement en complément des prises en charge traditionnelles. Pour ce faire, il inclue trois volets : un suivi parental complet, qui permet de visualiser les progrès de l'enfant et comprend un accompagnement téléphonique, mais aussi une communauté d'entraide, créée avec la Fédération française des dys. Par ailleurs, Poppins a été validé cliniquement comme un médicament (« digital pill »). Il comprend des jeux rythmiques et de langage écrit, et propose des sessions de vingt minutes par jour, trois à cinq fois par semaine. Au-delà, l'appli se bloque.
Des jeux de langage et de musique
L'enfant est ainsi amené à regrouper des mots en fonction du nombre de syllabes qu'ils contiennent ou encore à les retrouver parmi plusieurs propositions. Une fois les jeux de langage terminés, place à la section musicale. Au programme : sept jeux interactifs pour mieux anticiper le rythme de la parole, l'arrivée des sons pour les traiter correctement et améliorer les connexions cérébrales entre les zones visuelles, auditives et motrices. Chaque jour, le jeune joueur reçoit un bilan qui note sa mémoire, sa coordination, sa lecture, son écoute et son observation.
Des résultats concluants
Engagée depuis cinq ans dans une démarche de validation scientifique de son dispositif, la startup Poppins a présenté les premiers résultats de l'étude clinique de phase trois pilotée par l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Verdict ? « Des données extrêmement robustes montrent des progrès notables en précision et rapidité de lecture. » Des bénéfices que constatent également les familles. « J'ai noté une évolution au niveau de la lecture après la deuxième semaine, il s'y est mis tout seul. Il lit beaucoup plus », se réjouit Amélie, mère d'un enfant dys de 9 ans. De son côté, Emmanuelle assure que « Clément retient mieux les sons pour les dictées » et qu'il a « progressé en mémoire de travail ».
Bientôt un accès gratuit ?
L'accès à cette appli est actuellement payant : entre 26 et 39 euros mensuels selon la durée souhaitée. Toutefois, 30 % des familles bénéficient d'une gratuité grâce aux partenariats avec des tiers payeurs ou la Complémentaire santé solidaire. La startup envisage une prise en charge complète via le dispositif Pecan (Prise en charge anticipée numérique)... en 2025. Affaire à suivre.
© Poppins