Sondage des enseignants, des handicaps qui bousculent?

Les enseignants favorables à l'inclusion des enfants avec un handicap physique mais beaucoup moins en cas de handicap psychique. Des disparités pointées dans un sondage où ils réclament plus de moyens et de formation.

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95 % des enseignants sont favorables à l'insertion, au sein de l'école ordinaire, des élèves avec un handicap... physique. Mais ce chiffre tombe à 44 % en cas de troubles psychiques  De même, les troubles « dys » (88 %) et les déficiences sensorielles ne semblent pas « déranger » outre-mesure (environ 75 %), contrairement à l'autisme (58 %). En pleine rentrée scolaire, les associations du collectif « Ma place c'est en classe »* publient les résultats d'une étude, réalisée par l'Ifop, qui témoignent d'une école inclusive à géométrie variable.

La formation et l'expérience pour briser les préjugés

L'expérience, l'âge de l'enseignant ou encore la formation reçue atténuent sensiblement les craintes. En effet, si 58 % des professeurs considèrent que les jeunes avec une déficience intellectuelle doivent intégrer l'école ordinaire, ce chiffre monte à 67 % pour ceux qui en ont déjà accueilli et à 70 % pour les jeunes (moins de 35 ans). De même, 85 % des professeurs ayant été formés à l'accompagnement des élèves aveugles se disent favorables contre 69 % s'ils n'en ont pas bénéficié. Par ailleurs, à la question « Les élèves handicapés sont-ils bien insérés au sein du système scolaire ? », 60 % des 601 enseignants interrogés répondent par l'affirmative pour les enfants avec des troubles « dys » ou à mobilité réduite, c'est près de deux fois plus que pour les enfants sourds, aveugles et autistes, et trois fois plus que pour ceux avec des troubles psychiques ou une déficience intellectuelle (environ 20 %).

Une « contrainte » face au manque de moyens

La scolarisation d'élèves en situation de handicap est perçue par une large majorité comme un droit, avant d'être une obligation professionnelle. Pour autant, l'accueil de ces jeunes nécessite la mise en place de moyens humains, logistiques et financiers, qui est perçu par une large majorité de répondants comme une source de travail supplémentaire et une contrainte. Ainsi, si de très nombreux enseignants, a fortiori ceux du premier degré, sont favorables à des évaluations, examens ou concours adaptés aux élèves en situation de handicap afin de garantir l'équité, 21 % estiment encore qu'ils doivent passer les mêmes évaluations que les « valides ». Cependant, ils considèrent également l'accueil d'un élève handicapé comme une richesse, tant sur le plan professionnel que personnel. « C'est dans cette dualité que réside toute la complexité du sujet. L'accueil des enfants en situation de handicap est aujourd'hui un vrai défi de société », constate l'Ifop.

Plus d'AESH et d'enseignants spécialisés

Pour plus de neuf enseignants sur dix, c'est une démarche à accompagner davantage... à condition d'en avoir les moyens. A ce titre, ils préconisent en priorité le recrutement d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) supplémentaires, une baisse des effectifs dans les classes qui accueillent un élève avec un projet personnalisé de scolarisation (PPS), la formation des enseignants et des personnels de l'école mais aussi la présence d'enseignants spécialisés et de professionnels du médicosocial référents, afin d'améliorer la scolarisation des élèves en situation de handicap en milieu ordinaire. Enfin, les enseignants en ayant déjà accueillis considèrent les parents d'élèves comme des « partenaires indispensables ». Certaines recommandations font écho aux douze mesures de l'Acte 2 de l'école inclusive, annoncées par le gouvernement le 31 août 2023, telles qu'une collaboration accrue avec le médicosocial et la création de 6 500 postes d'AESH (Lire : Elèves handicapés : quelles mesures pour la rentrée 2023?).

Déployer des dispositifs innovants

« Cette étude reflète bien l'engagement des enseignants en faveur de l'école ordinaire accessible à tous (...) mais aussi la persistance de préjugés et de craintes », résume le collectif « Ma place est en classe », insistant sur la nécessité de renforcer les moyens alloués à cette problématique pour « déployer des dispositifs innovants et efficaces à large échelle ». « Permettre aux élèves en situation de handicap d'étudier avec les autres enfants, c'est mettre toutes les chances de leur côté pour une insertion réussie en milieu ordinaire une fois adulte. La société inclusive commence par là », conclut-il.

* ANPEA, APF France handicap, ASEI, Droit au savoir, Gapas, FCPE, FISAF, FNASEPH, Fédération PEEP, Trisomie 21 France, UNANIMES

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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