La rentrée sera-t-elle inclusive ? Après l'Unapei et la Défenseure des droits (articles en lien ci-dessous), c'est au tour des Français de plaider pour une école accessible à tous. « A tous », vraiment ? Pas tout à fait à en croire un sondage Harris Interactive(1) publié le 29 août 2022 dans le cadre de la campagne « #ma place c'est en classe » et initié par un collectif de dix associations. Si l'accueil en école ordinaire des enfants avec un handicap moteur fait quasiment l'unanimité (91 % y sont favorables), on ne peut pas en dire autant de l'insertion des enfants atteints de déficience intellectuelle, de troubles psychiques et d'autisme, qui ne recueille plus que 69 % d'avis favorables. L'école inclusive, oui, mais à géométrie variable…
La clé pour gagner en autonomie
En revanche, huit personnes interrogées sur dix considèrent que l'école inclusive permet aux autres enfants de « devenir des adultes plus attentifs et plus à l'aise face au handicap ». Ce postulat, Sigrid Baillon le défend depuis plus de quinze ans. Mère de Maeva, une jeune fille atteinte de trisomie 21, elle exerce également en tant que professeure des écoles, portant un regard double sur la question : « Nous tenions à ce que notre fille ait une scolarité normale. Résultat, cela lui a permis de gagner en autonomie. Elle a même plus d'amis que son frère qui n'a pas de chromosome supplémentaire », affirme-t-elle dans un rire. De la maternelle au CAP, Maeva a donc suivi un cursus « classique », avec un passage en Ulis (Unité localisée pour l'inclusion scolaire) au collège.
Ne pas tout miser sur les AESH
Inscrite en CAP petite enfance, la jeune femme aujourd'hui âgée de 19 ans se dit fière de son parcours : « Ça n'a pas toujours été facile car je suis plus lente au niveau de la compréhension », concède-t-elle. Mais elle s'accroche pour suivre en classe comme les autres, pose une question lorsqu'elle ne comprend pas un exercice, se lève plus tôt que ses camarades le matin pour se rendre en classe… Et ses efforts payent. « On a beaucoup échangé avec les professeurs et ils ont toujours su s'adapter. L'adaptation fait d'ailleurs partie de leur métier », complète Sigrid Baillon, qui regrette toutefois le manque de formations dédiées. Et de compléter : « On pense souvent l'école inclusive par le biais de la compensation avec la mise en place d'AESH. Ils sont, certes, indispensables mais il faut aller plus loin. »
Le plafond de verre de l'école inclusive
Plus de 60 % des sondés reconnaissent que les « moyens alloués sont insuffisants ». D'ailleurs, l'étude révèle que le sentiment de progrès partagé par les Français en matière d'insertion des différents types de handicap stagne depuis 2019. « Il y a eu beaucoup d'amélioration depuis quelques années mais il reste encore de nombreuses actions à mener », alerte l'un des témoignages recueillis. Pour les dix associations signataires, « ces résultats confortent la conviction selon laquelle la scolarisation des élèves en situation de handicap est l'affaire de tous : enseignants, professionnels, familles ». Outre l'effort collectif, le gouvernement est aussi appelé à « réfléchir sur la persistance des obstacles à la scolarisation de tous les élèves », à investir des moyens sur la formation (pour 72 % des Français) et sur l'accompagnement via la présence des AESH (pour 65 %). Rien de nouveau sous le soleil en somme. La France a été « sévèrement jugée pour non-respect de ses obligations par le Comité des droits des personnes handicapées des Nations unies en septembre 2021 », rappelle le collectif associatif.
(1) Sondage lancé par dix associations : ANPEA, APF France handicap, Gapas, FCPE, Fédération Générale des PEP, FISAF, FNASEPH, Fédération PEEP, Trisomie 21 France, UNANIMES.