Huit enfants sur dix n'ont jamais vu de médecin scolaire. C'est ce qui ressort d'un rapport d'information du député Robin Reda (groupe Renaissance), examiné en commission des finances le 10 mai 2023. Sa mission ? Evaluer la politique de santé scolaire, qui mériterait, selon lui, d'être « revalorisée ». Premier constat : l'inquiétante dégradation de la santé psychique des enfants et, ce, à tous les âges. Elle « doit être prise en compte dans le cadre scolaire », explique l'élu de l'Essonne, rapporteur spécial des crédits de la mission « Enseignement scolaire ». Or les objectifs de cette politique sanitaire et scolaire semblent loin d'être atteints. En cause, une pénurie de professionnels de santé dédiés. « Elle n'est pas liée à un manque de moyens mais à la difficulté du ministère de l'Education nationale à pourvoir les postes ouverts », expose le rapport. Des difficultés de recrutement qui s'expliquent par un manque d'attractivité des métiers de la santé scolaire, en raison d'une rémunération insuffisante et de conditions de travail dégradées. Pour preuve, l'Education nationale comptait dans ses rangs 1 321 médecins scolaires en 2016 contre 944 en 2022.
18 recommandations
Le député relève également que les dépistages obligatoires ne sont pas systématiquement réalisés, déplore « des actions d'éducation à la santé dispersées et non coordonnées » et un « fonctionnement très inégal sur le territoire ». Face à ces difficultés, dix-huit recommandations sont formulées, avec un accent porté sur la prise en charge psychologique « des élèves en situation de mal-être ou de détresse psychologique ». A ce titre, le rapporteur invite par exemple à développer l'offre de structures médico-psychologiques adaptées à la prise en charge de la souffrance psychique des enfants et des adolescents. Autre axe de travail : la mise en place d'une politique de santé scolaire « adaptée aux besoins particuliers de chaque élève », dans le cadre de l'école inclusive. Mais, pour savoir y répondre, encore faut-il connaître lesdits besoins individuels…
Repérer précocement les handicaps invisibles
Pour ce faire, le rapporteur spécial réclame de reprendre les enquêtes épidémiologiques nationales sur la santé des enfants et des adolescents en milieu scolaire, la dernière datant de 2017. Objectif : repérer précocement des handicaps invisibles, tels que les troubles « dys », sensoriels ou encore neurodéveloppementaux. « En l'absence de diagnostic ou de prise en charge adaptée, les difficultés rencontrées par ces enfants peuvent conduire à les diriger vers les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH), contribuant à l'inflation des notifications prescrivant l'aide d'un accompagnant d'élève en situation de handicap (AESH), alors qu'une solution tournée vers le soin aurait été plus pertinente », résume le rapporteur. Toujours dans le champ du handicap, le rapport s'attarde sur les modalités d'attribution d'une rémunération complémentaires aux infirmiers qui s'engagent dans l'accueil des élèves en situation de handicap. Or, aujourd'hui, cette nouvelle bonification indiciaire (NBI) n'est pas accordée de façon automatique, alors qu'elle devrait l'être, selon Robin Reda. Plus globalement, ce dernier sollicite « une réforme du pilotage et de l'organisation de la politique de santé à l'école ».