9 juin 2024, élections européennes pour les Français. Pour qui voter ? Question complexe a fortiori lorsqu'on n'a pas accès aux programmes des candidats. Ce qui peut être notamment le cas pour les électeurs en situation de handicap visuel ou mental.
Des professions de foi accessibles ?
La loi a tenté de remédier à cela en obligeant les candidats à décliner leur profession de foi dans des formats accessibles. Elles sont désormais disponibles sur une page du site du ministère de l'Intérieur, fait savoir le 28 mai 2024 Jérémie Boroy, président du CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées), ardent militant en faveur de l'accessibilité du processus électoral. Deux versions sont proposées : l'une à écouter en audio et l'autre à lire en FALC (facile à lire et à comprendre).
Ni fait ni à faire !
A ce jour, sur les 38 listes françaises en lice, seules deux n'ont pas été déposées sur ce site. Pour les autres, la version audio laisse vraiment à désirer puisque c'est une voix de synthèse, hachée et exaspérante, qui lit tout bêtement le document PDF et pas toujours de manière linéaire lorsqu'il y a des encadrés. Il est d'ailleurs écrit à 32 reprises que le parti « n'a pas fourni de PDF accessible aux personnes non-voyantes ». Un zig-zag de mots souvent inaudibles ! A quand un enregistrement correctement structuré avec voix humaine ?
Pour ce qui est des documents en FALC, la plupart des partis emploient, certes, un langage plus simplifié mais qui n'a pas été rédigé dans les règles de l'art. Les meilleurs élèves, et ils sont rares, ont, eux, pensé à la version audio du document en FALC.
Des délais de diffusion à revoir
Jérémie Boroy dit pourtant se « réjouir que ces modalités d'accessibilité soient désormais reprises systématiquement pour les scrutins concernés » même s'il regrette des « délais de diffusion de ces supports encore trop proches de la date de l'élection pour que leur impact soit déterminant sur l'accès au débat citoyen ».
Des « freins » et « lacunes persistantes » !
Déjà en avril 2024, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme alertait sur les entraves au droit de vote et à la candidature des personnes handicapées (Elections : des freins persistants en cas de handicap). Elle y dénonçait, entre autres, l'inaccessibilité des supports de communication, qui « crée de l'inégalité entre les votants, les candidats et les élus », citant l'absence de document de propagande électorale accessible.
© Emmanuelle Dal'Secco