Moins de 5 % des membres du Parlement européen s'identifient comme « personne handicapée », alors que ces dernières représentent 18 % de la population du Vieux continent. « La situation est désastreuse », estime le Forum européen des personnes handicapées (EDF). A six mois des prochaines élections (le 9 juin 2024), il appelle les partis politiques, mais aussi l'Union européenne et les gouvernements nationaux, à soutenir les candidats intéressés, quel que soit leur handicap. Objectif ? Des institutions européennes représentatives de la diversité de l'Union.
Les majeurs protégés bannis ?
Lorsque Jamie Bolling, en fauteuil roulant, s'est lancée en politique en Suède, elle a dû payer « le prix fort ». Et son cas est loin d'être isolé... « Malgré ce constat, aucun Etat membre de l'UE n'a proposé de soutien spécifique aux candidats handicapés. Pire encore, la plupart des pays imposent des restrictions juridiques spécifiques, interdisant à certains de se présenter », indique l'EDF. Par exemple, en France, comme dans d'autres pays, si l'ouverture « sans condition » du droit de vote date de 2019, notre code électoral (article L200) continue de stipuler que les « majeurs placés sous tutelle ou curatelle ne peuvent être élus ».
Des préjugés persistants
« La situation est pire pour les candidats qui cumulent des identités marginalisées, comme les femmes, les personnes handicapées racialisées ou encore LGBTQIA+ », qui sont également cibles de préjugés, voire de discours de haine, observe l'EDF. Selon lui, « ces barrières, souvent créées par les partis politiques et les Etats eux-mêmes, vont à l'encontre de leur engagement envers la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées et son article 29 sur la participation à la vie politique et publique ».
Créer un fonds de soutien financier
Pour changer la donne, le Forum exhorte à mettre en place un « fonds d'accès aux fonctions électives », qui apporterait un soutien financier aux candidats handicapés afin de surmonter les obstacles à l'accessibilité ou couvrir les coûts liés au handicap, mais aussi à mettre en œuvre des mesures pour accroître la participation des femmes handicapées. L'enjeu : pouvoir (enfin) faire campagne sur un pied d'égalité. Les partis politiques doivent également veiller à l'accessibilité des processus, informations, réunions et évènements dédiés.
Adopter des lois européennes et nationales
L'EDF incite les Etats membres à adopter une nouvelle loi électorale européenne et des lois nationales permettant aux personnes handicapées de voter et de se présenter aux élections, quel que soit leur statut de capacité juridique. Autre requête : établir des règles pour lutter contre le harcèlement que subissent les candidats handicapés, y compris le cyberharcèlement et la violence. « Le chemin pour être élu est encore semé d'obstacles juridiques et pratiques pour les personnes handicapées. Les partis politiques doivent cesser de les ignorer », conclut Yannis Vardakastanis, président du Forum.