Le 22 juin 2022, Sébastien Peytavie fait sa rentrée à l'Assemblée nationale. Il devient ainsi le premier député en fauteuil roulant dans l'hémicycle (Lire : Sébastien Peytavie, 1er député en fauteuil, fait sa rentrée). Passée l'euphorie des débuts, l'élu Nupes a vite été confronté à la réalité. Le manque d'accessibilité du Palais Bourbon l'a, notamment, obligé à « siéger » aux côtés des ministres au premier rang et non au sein de son groupe politique. Une difficulté parmi tant d'autres pour un candidat en situation de handicap qui se lance dans le marathon politique. Et ils sont encore trop peu à le faire… « Les mandats politiques doivent être accessibles à tous : c'est un droit et un enjeu de citoyenneté », admet Geneviève Darrieussecq. La ministre déléguée au Handicap, les cabinets de ses collègues Dominique Faure (ministre déléguée aux Collectivités territoriales) et Sonia Backès (secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté) ont reçu le 4 juillet 2024 au ministère de l'Intérieur un collectif composé d'élus en situation de handicap.
Un «dispositif de compensation»
L'objectif ? Faciliter la participation démocratique. « Nous réclamons un dispositif de compensation pour les candidats en situation de handicap et une valorisation de l'engagement politique des personnes handicapées », détaille Matthieu Annereau, conseiller municipal à Nantes, déficient visuel et président de l'Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées (APHPP). Il est également membre du collectif qui a publié une tribune en mars 2023 dans le Huffington Post. Vingt signataires, tous élus, ont demandé au chef de l'Etat des mesures pour les accompagner dans leur mandat. Depuis, « le collectif ne cesse de se développer, de nouveaux et anciens élus nous ont rejoints pour un partage d'expériences et de bonnes pratiques », affirme Matthieu Annereau. Un premier échange avec Geneviève Darrieussecq s'est tenu à l'occasion de la Conférence nationale du handicap, le 26 avril 2023. « Elle avait assuré vouloir collaborer avec nous pour que l'engagement politique puisse se réaliser dans un principe d'égalité des droits et des chances », rapporte Matthieu Annereau.
Des solutions avant la fin de l'année ?
Des discussions et après ? « Nous renouvelons l'appel aux élus en situation de handicap à se faire connaître et à nous rejoindre, avance l'élu nantais. Car c'est collectivement que nous parviendrons à lever l'ensemble des freins à l'engagement politique, à favoriser la pleine participation citoyenne ». Un levier essentiel pour « que la classe politique soit plus représentative de la société ». Concrètement, le collectif assure que des « groupes de travail vont être lancés » pour répondre au cap fixé par le ministère, à savoir, « trouver des solutions avant la fin de l'année 2023 » au sujet de l'accessibilité des campagnes, de la compensation des candidats et des élus en situation de handicap, et enfin, de la promotion de l'engagement politique des personnes handicapées. L'issue sera-t-elle plus favorable qu'en 2022 ? L'an dernier, un amendement au projet de loi de finances pour 2023 pour financer l'équipement et l'accompagnement nécessaires aux élus en situation de handicap afin d'exercer leur mandat avait été retoqué par le Sénat (Lire : Elus handicapés : pas de compensation pour leur mandat!).