702 Entreprises Adaptées (EA) en France et un milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2013 ! Mais, avant toute chose, qu'est-ce qu'une EA ? C'est une entreprise à part entière employant au moins 80% de travailleurs handicapés. A ce titre, elle fait partie du milieu dit « adapté » et non « protégé » comme peut l'être un ESAT (Etablissement et services d'aide par le travail), qui est un établissement médico-social.
Un observatoire en 2013
L'Observatoire des métiers et des compétences du secteur adapté a été lancé officiellement le 18 décembre 2013, au sein du ministère du travail. Piloté par l'Union nationale des entreprises adaptées (UNEA), qui fédère plus de 60 % d'entre elles, il s'inscrit dans le troisième volet du Pacte pour l'Emploi signé à Matignon en décembre 2011. Il a pour ambition de rassembler toutes les parties impliquées, aussi bien les EA que l'Etat, les entreprises partenaires mais aussi les associations de personnes handicapées signataires de ce Pacte, avec trois principaux objectifs.
Objectif 1 : se faire connaître
Le premier est de renforcer la connaissance mutuelle entre les entreprises dites « ordinaires » et adaptées. Ces dernières s'avèrent encore méconnues et trop souvent confondues avec les ESAT. Ce nouvel observatoire se propose, à cette fin, de produire des données et outils en lien avec les partenaires et d'animer des échanges. Un annuaire commun des EA et ESAT est par ailleurs en projet, pour leur offrir davantage de visibilité auprès des donneurs d'ordres.
Objectif 2 : de nouveaux métiers
En second lieu, cet observatoire a pour mission de promouvoir la diversité des métiers. C'en est fini de la suprématie de la sous-traitance industrielle (qui ne représente plus que 16 % des contrats) ; les EA doivent désormais répondre aux besoins grandissants dans le domaine des services. Ces nouveaux marchés exigent de nouvelles compétences. C'est notamment le cas pour les entreprises du « paysage », qui déclarent avoir « besoin de bras » et se disent engagées sur les questions de diversité. Une activité en plein développement grâce à une demande grandissante dans tous les services liés à l'environnement. Même défi à relever dans la « propreté » qui représente 420 000 salariés en France, dont de nombreux travailleurs en situation de handicap.
C'est également l'ambition de certaines entreprises de la filière informatique, à l'instar du groupe CGI qui « souhaite utiliser les compétences des EA avec une dynamique bienveillante ». A ce titre, l'Université des sciences sociales Capitole Toulouse 1 va mettre en place, au printemps 2014, une formation continue en informatique destinée aux travailleurs avec un handicap psychique. Une première en France !
Objectif 3 : priorité à la formation
Enfin, et surtout, cet observatoire souhaite analyser les besoins de professionnalisation des salariés des EA. Aujourd'hui, ces dernières emploient 30 000 travailleurs, dont 24 000 en situation de handicap. 75 % d'entre eux restent sans qualification et seulement 1,35 % ont un niveau supérieur ou égal à Bac +3. La formation professionnelle apparait comme une étape indispensable vers la sécurisation de l'emploi et participe à l'inclusion sociale et à l'épanouissement personnel. L'intérêt est double car en facilitant l'accès à la formation de leurs salariés handicapés et en leur proposant d'accéder à de nouvelles compétences, les EA peuvent améliorer leur compétitivité et ainsi postuler à ces nouveaux métiers qu'elles convoitent. Entre 2009 et 2012, plus de 1 250 salariés ont acquis une promotion par la qualification. En 2013, la campagne de sensibilisation aux outils de l'alternance a abouti à 175 contrats de professionnalisation ou d'apprentissage. 3.2 % de la masse salariale des EA est dédiée à la formation ; c'est le double de ce qu'impose la loi !
Promouvoir les passerelles
Une plus grande souplesse du secteur passe aussi par la mise en place de passerelles entre les EA et le milieu ordinaire (pour le moment, seuls 2 % des effectifs parviennent à quitter leur EA), en gardant à l'esprit la mission sociale et solidaire qui consent à ces travailleurs un accompagnement spécifique. Les premiers résultats, encourageants, appellent à poursuivre cette bonne pratique. La Délégation générale à l'emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) s'engage à constituer des groupes de travail en région pour plancher sur cette question.
Un tremplin pour les travailleurs handicapés
Le fait est assez rare pour être signalé : pour le moment, les EA vont plutôt bien. Alors que la situation globale de l'emploi des personnes en situation de handicap s'aggrave, le secteur adapté se développe et progresse. En 2013, il a créé plus de 700 emplois. Cet observatoire souhaite donc s'appuyer sur cette dynamique pour poursuivre la modernisation du secteur. Il espère le soutien de l'Etat qui réaffirme depuis le CIH (Comité interministériel du handicap) de septembre 2013 que « le secteur adapté est un maillon essentiel de la politique publique de l'emploi ».