Qui sera le premier astronaute handicapé dans l'espace?

L'agence spatiale européenne (ESA) va donner la possibilité à des personnes handicapées de devenir astronaute et voler en orbite. Une première dans l'histoire de la conquête spatiale. Un premier vol potentiel d'ici dix ans ?

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DERNIERE MINUTE DU 23 NOVEMBRE 2022
L'ESA a sélectionné le Britannique John McFall, porteur d'un handicap physique, pour étudier l'apport des personnes en situation de handicap à l'aventure spatiale (article complet en lien ci-dessous).  Il fut amputé de la jambe droite à 19 ans après un accident de moto. Athlète paralympique professionnel, il a décroché la médaille de bronze du 100m aux Jeux de Pékin 2008. Membre du Collège royal de chirurgie, il est également docteur en traumatologie et en orthopédie. 

ARTICLE INITIAL DU 22 NOVEMBRE 2022
Par Daniel Lawler

Ce projet inédit, baptisé "parastronaute", sera présenté le 23 novembre 2023 aux 22 Etats membres de l'ESA, qui dévoilera également, sitôt son budget adopté, sa nouvelle promotion d'astronautes : entre quatre et six élus parmi près de 23 000 candidats européens, qui succèderont à la promotion de 2009 dont fait partie l'astronaute français, Thomas Pesquet.

Changement complet de philosophie

Les personnes porteuses de handicap physique étaient jusqu'ici exclues des sélections pour devenir astronaute, réputées parmi les plus rudes. "Le projet parastronaute requiert un changement complet de philosophie" sur la notion d'aptitude médicale, un concept d'origine militaire destiné à sélectionner les pilotes de combat, explique à l'AFP Guillaume Weerts, médecin en chef des astronautes au sein de l'ESA. Lors du lancement de sa campagne de recrutement, en février 2021, l'agence avait annoncé ouvrir les portes de l'espace à un ou plusieurs candidats porteurs d'un handicap au niveau des membres inférieurs (en raison d'une amputation où une malformation congénitale), et dont les noms pourraient être révélés le 23 novembre. Sont également éligibles les personnes mesurant moins de 1,30 mètre ou ayant une asymétrie des jambes. Les aptitudes intellectuelles et psychologiques requises sont les mêmes que pour les autres astronautes.

Un super groupe de candidats

"Nous avons eu affaire à un super groupe de candidats et rencontré des personnes formidables", témoigne Guillaume Weerts, qui a participé aux différentes étapes de la sélection. Le processus a "démontré que le handicap n'était pas une limitation, nous y croyons vraiment". En parallèle, l'ESA a lancé une "étude de faisabilité" sur l'envoi d'un "parastronaute" à bord d'un vol habité, pour un séjour dans la Station spatiale internationale (ISS) par exemple. Car, dans l'univers extrêmement précis des voyages spatiaux, même de petites modifications peuvent devenir extrêmement compliquées et coûteuses. Les systèmes existants sont par exemple conçus pour des personnes d'une certaine taille. Comment dès lors s'assurer "qu'une personne plus petite ait tout simplement accès aux boutons ?", s'interroge le responsable de l'ESA. L'agence prévoit donc de travailler avec les personnes sélectionnées pour trouver le meilleur moyen d'identifier et surmonter ces difficultés potentielles.

Les premiers astronautes handicapés pourront-ils s'envoler rapidement pour l'orbite basse ? "L'espace n'est pas une activité pour gens pressés", répond Guillaume Weerts. Le calendrier est difficile à prévoir car "cela dépend vraiment de ce que nous allons rencontrer", souligne-t-il, précisant que "beaucoup de travail restera à faire une fois les candidats sélectionnés. Mais, potentiellement, un astronaute handicapé pourrait être envoyé dans l'espace dans les dix prochaines années".

Un rêve d'adolescent

Kamran Mallick, directeur général de l'organisation caritative britannique Disability Rights UK, juge ce projet "incroyablement enthousiasmant", étant donné que les personnes handicapées "sont exclues de tant de grandes choses que l'humanité réalise". "Si nous voulons vraiment explorer l'Univers, nous devons accepter qu'il ne peut pas être réservé à un groupe particulier d'individus", a commenté Kamran Mallick auprès de l'AFP, saluant la démarche de l'ESA de travailler avec les astronautes pour connaître leurs besoins. "Je suis en fauteuil roulant et c'est bien mieux quand les gens me demandent ce qui fonctionne pour moi, ce dont j'ai besoin, plutôt que de faire des suppositions sur ce que quelqu'un peut ou ne peut pas faire", a-t-il témoigné.

Il se souvient d'avoir rêvé, adolescent, de devenir astronautes en regardant le lancement d'une navette spatiale. "Evidemment, on m'a rapidement rétorqué que cela ne se produirait pas : 'N'aspirez pas à devenir astronaute', me disait-on... Aujourd'hui je regrette de n'avoir pas poursuivi mon rêve".

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