Une Japonaise d'une soixantaine d'années, stérilisée lorsqu'elle était adolescente en vertu d'une loi eugéniste à présent supprimée, a engagé le 30 janvier 2018 des poursuites contre le gouvernement de son pays, ont indiqué un responsable du tribunal et les médias japonais.
16 000 personnes stérilisées
Cette femme, dont le nom n'a pas été révélé, avait 15 ans lorsque l'État l'a forcée à se faire stériliser en 1972 après qu'on lui eut diagnostiqué un handicap mental. Elle réclame selon les médias 11 millions de yens (environ 81 500 euros) de dommages, accusant l'État d'avoir gravement violé ses droits humains et de ne pas lui avoir proposé de compensations dans le cadre de cette loi restée en vigueur jusque 1996. 16 000 personnes ont été stérilisées en vertu de cette loi, selon le barreau du Japon. « Nous avons vécu l'enfer (...) nous avons tenu bon pour rendre cette société plus éclairée », a déclaré la belle-sœur de la plaignante au cours d'une conférence de presse télévisée.
Gouvernement prêt à discuter
Interrogé sur cette plainte, le ministre de la Santé Katsunobu Kato a refusé de répondre, disant ignorer les détails du dossier. Le gouvernement est prêt à discuter individuellement avec toute personne nécessitant une aide mais « n'a pas l'intention de proposer des mesures générales » en faveur de toutes les victimes de stérilisations forcées, a précisé à l'AFP un responsable du ministère de la Santé chargé de cette question. Des enfants de neuf ans ont subi de force de telles opérations, selon le quotidien Mainichi Shimbun. Dans le cadre de cette loi au Japon, des personnes atteintes de la lèpre ont également été forcées d'avorter en raison de politiques leur interdisant d'avoir des enfants. En 2005, un tribunal japonais avait pour la première fois ordonné à l'État de verser des dommages à un ancien lépreux affecté par ce texte.
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L'Allemagne, la Suède et d'autres pays ont eu des lois eugénistes similaires. En 1997, la presse suédoise avait révélé que 60 000 personnes avaient été stérilisées de force entre 1935 et 1976 au nom d'une hypothétique « pureté de la race » nordique. L'affaire s'était rapidement étendue aux autres pays nordiques. Des historiens avaient alors révélé que 11 000 Finlandais, 2 000 Norvégiens et des centaines de Danois avaient été victimes de pratiques similaires.
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