60 %. C'est le pourcentage de démarches administratives qui demeurent hors de portée des personnes en situation de handicap. La raison principale ? L'exclusion numérique, c'est-à-dire un accès limité ou entravé aux ressources en ligne. Un rapport d'Emmaüs Connect et de La Croix-Rouge française tire la sonnette d'alarme. Réseaux sociaux, livres audios, communication améliorée alternative (CAA), applications d'aide à la vie quotidienne… Si les nouvelles technologies émancipent les personnes handicapées, elles peuvent aussi être source d'exclusion sociale. Le risque de pauvreté ou d'exclusion sociale s'élève ainsi à 36 %, contre 18 % dans l'ensemble de la population.
Des sites et outils encore peu accessibles
Nativement pensés pour des personnes valides, les outils numériques se montrent souvent inaccessibles. En 2023, plus de la moitié des sites présentaient un taux de conformité inférieur au minimum requis par le référentiel d'accessibilité RGAA, selon le Baromètre de l'accessibilité numérique 2023. Autre frein : l'apprentissage de ces usages est globalement plus tardif chez les personnes en situation de handicap. Le coût des équipements adaptés, dissuasif, renforce leur exclusion numérique. Parmi les profils les plus touchés : les personnes avec une déficience intellectuelle, des troubles du spectre autistique et/ou des troubles cognitifs. C'est en direction de ce public qu'Emmaüs Connect et La Croix-Rouge ont rédigé ce rapport et ses pistes d'action. « Si certains outils existent, ces aides techniques s'adressent principalement aux personnes porteuses de handicaps moteurs et/ou sensoriels. Pour les handicaps cognitifs et/ou intellectuels, la question de l'accessibilité du numérique est encore peu étudiée », affirment les rédacteurs du rapport.
11 recommandations pour une « inclusion numérique »
« 47 entretiens de terrain et un état de l'art de la littérature existante » ont permis d'aboutir à Enquête, inclusion numérique des personnes handicapées... « pour l'inclusion numérique des personnes en situation de handicap ». « Nous avons constaté le peu d'écrits et d'outils existants, renforçant notre conviction de l'importance de l'étudier, indique Charlotte Wendling, chargée de mission à la Croix-Rouge. Nous étions également conscients que les plus à même d'en parler et de nous éclairer étaient les personnes concernées elles-mêmes, ainsi que les professionnels qui les accompagnent au quotidien ».
Favoriser l'autodétermination
Emmaüs Connect et La Croix-Rouge ont souhaité, en particulier, mettre l'accent sur l'autodétermination, en offrant aux personnes la possibilité de choisir leurs outils numériques et, surtout, en leur donnant envie de les utiliser. Ils recommandent également « d'intégrer le numérique dans l'accompagnement global », en utilisant des méthodes adaptées aux professionnels du handicap ; de sensibiliser et outiller les accompagnants ; de favoriser la pair-aidance dans ce domaine… Ce rapport marque la première étape d'un projet ambitieux, soutenu par l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT) et l'Agefiph. Des outils pédagogiques adaptés sont déjà en cours de production et seront expérimentés dans des établissements d'Emmaüs Connect et de la Croix-Rouge dès le second semestre 2024 avant d'être diffusés en libre accès l'année suivante.
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