C'est une révolution sans précédent au Clinatec de Grenoble. Ce Centre de recherche biomédicale a dernièrement présenté Emy (Enhancing MobilitY, soit « en augmentant la mobilité » en français), le tout dernier exosquelette qui pourrait changer la vie des personnes tétraplégiques. Ce centre est rattaché au CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives), au CHU, à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et à l'Université Grenoble Alpes.
Des ordres dictés à l'exosquelette
À l'origine de ce projet fou, un homme : Alim-Louis Benabid, professeur de neurochirurgie et pionnier mondial en matière d'implantation cérébrale, qui a deux objectifs : l'assistance au port de charge et la mobilité des personnes. Dans la cadre de ce projet BCI (Brain computer interface), lui et les équipes du CEA utilisent les signaux électriques transmis par le cerveau au cortex moteur pour réaliser chaque mouvement, dans le but d'en faire des ordres dictés à l'exosquelette. « Leur cerveau parle mais personne n'écoute », souligne le professeur Benabid.
Un dispositif algorithmique
Les chercheurs ont développé un dispositif de capteurs permettant de mesurer l'activité électrique neuronale et de la traduire sous forme d'algorithmes et de commandes pour l'exosquelette. Les muscles électriques sont situés aux mêmes endroits que les articulations du corps humain pour une plus grande efficacité. Ce dispositif mécanique d'environ 60 kg, que le patient ne porte pas, doit être léger et robuste pour être utilisé de façon efficiente. Ainsi la personne en situation de handicap se place dans cette enveloppe et pilote son exosquelette en imaginant les mouvements comme s'il allait les effectuer lui-même.
Des résultats prometteurs
Deux patients tétraplégiques ont été opérés ; deux implants ont été placés dans leur crâne. Un des essais s'est avéré infructueux pour des raisons techniques, élucidées depuis. Le second se rend au centre cinq fois par mois pour apprendre seul à marcher, monter des escaliers et faire des gestes quotidiens, jusque-là impossibles. Pour l'heure, il reste quelques problèmes techniques à régler, notamment vis-à-vis de l'équilibre. Dans les mois et années à venir, d'autres patients devraient se faire implanter ce dispositif. Marche à suivre…
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