Meurtre de son enfant : comment aider les familles à bout ?

Une maman tue son enfant handicapé mental devenu trop violent. Comment éviter ces actes de désespoir ? Le jugement dans l'affaire Amélie et la mise en place d'un numéro pour situations critiques ont-ils donné de faux espoirs aux familles ?

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2 février 2015, près de Rouen. Une mère de famille tue son fils handicapé mental avant de prévenir les autorités, auxquelles elle explique que la victime était en proie à des crises de violence qu'elle ne parvenait plus à maîtriser (lire article en lien).

Comment éviter ces actes de désespoir ?

L'Unapei, première association française représentant et défendant les intérêts des personnes handicapées mentales et de leurs familles, a aussitôt réagi. Elle s'interroge… « Combien de drames devrons-nous compter pour que la France mette fin aux situations critiques de milliers de familles d'enfants handicapés condamnées à l'exclusion et l'isolement ? ». L'association se dit « horrifiée de constater encore une fois l'échec de notre société qui laisse des familles en souffrance commettre l'irréparable. » Comment éviter ces actes de désespoir qui émaillent encore trop souvent l'actualité ? Le constat est le suivant : faute de solution d'accueil, de très nombreuses personnes handicapées sont contraintes de rester au domicile de leurs parents. C'est pourtant un droit fondamental qui leur est reconnu par la loi.

L'affaire Amélie : faux espoir ?

On se souvient de l'affaire Amélie Loquet en 2013 (lien ci-dessous). Cette jeune adulte atteinte du syndrome de Prader-Willi, de troubles autistiques et de troubles envahissants du développement n'avait pas de solution d'accueil depuis plus d'un an. Sa maman avait confié que le handicap de sa fille, entraînant boulimie et violence, était devenu totalement ingérable, avec une véritable menace sur sa propre intégrité et celle de ses proches. Ses parents étaient à bout. Avec le soutien de l'Unapei, sa famille avait obtenu la condamnation de l'État dans une procédure d'urgence pour défendre le « droit à compensation et le droit à la vie » pour les personnes handicapées. En quelques jours, une place en établissement lui avait été accordée. Une grande victoire qui aurait dû assurer l'effectivité de leurs droits. Cette décision constituait un article qui s'ajoutait à la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen et surtout un espoir pour l'ensemble des personnes concernées.

Un numéro d'urgence

La Gouvernement avait lui aussi réagi en mettant en place, en novembre 2013, un dispositif de gestion des situations critiques (lire article en lien) par le biais d'un numéro dédié, le 3977. Mais la situation ne s'est pas pour autant améliorée. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie) déclarait fin octobre 2014 que seules un tiers des situations dont elle a eu connaissance ont été résolues. « Les familles sont abandonnées à un destin inacceptable que nul être humain ne peut supporter sans songer à commettre l'irréparable, déclare Christel Prado, présidente de l'Unapei. L'Unapei demande l'application stricte du droit à compensation. Les lois bafouées conduisent à des existences amputées, et c'est indigne d'une société fraternelle fondée sur la déclaration universelle des droits de l'Homme. »

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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