Par Christian Panvert
Sous les barnums du festival Terres du son, près de Tours, organisé du 7 au 9 juillet 2023, l'agence spécialisée "Com une différence", à l'origine du projet, demande à Valentin Oddo de tirer au sort un handicap sur les six proposés. Pour ce volontaire, ce sera : "aller aux toilettes en fauteuil roulant". Le trentenaire s'installe dans le fauteuil. Et durant un quart d'heure, il est confronté aux difficultés rencontrées pour descendre ou monter une rampe d'accès. Il se déplace entre les spectateurs sur les bandes de circulation en plastique, prévues afin d'éviter de passer dans l'herbe de la prairie. "Je ne pensais pas que c'était aussi physique ! Avec les bosses, et les dénivelés, c'est parfois le parcours du combattant", s'étonne Valentin. Sur son passage, des festivaliers découvrent à quoi servent les tapis de sol.
Sensibiliser au handicap invisible
Alice, 18 ans, qui s'était assise dessus en attendant l'arrivée sur scène du chanteur Orelsan, se lève spontanément : "Je ne savais pas qu'ils servent à la circulation des personnes à mobilité réduite", s'excuse-t-elle. Pour Cyril Bart, fondateur de "Com une différence", c'est l'un des objectifs de ces ateliers. "De nombreuses solutions comme les bandes de cheminements sont ignorées des spectateurs. On veut les sensibiliser pour qu'ils puissent mieux intégrer les situations des personnes en situation de handicap sur le festival", explique-t-il. Cyril Bart précise que certaines situations de handicap ne sont pas toujours visibles. Des maladies, comme le diabète, peuvent être très invalidantes. Des personnes peuvent être malentendantes ou malvoyantes sans être sourdes ou aveugles. "80% des handicap sont invisibles. Les comportements de ceux qui en sont porteurs peuvent surprendre. Grâce à ces actions dans les festivals, et à ces ateliers, qui sont une première en France, on touche un public jeune qui sera plus bienveillant car il aura la connaissance nécessaire", dit-il.
Gilets vibrants, audiodescription...
Mathieu Robin gère les problématiques d'accessibilité sur la manifestation. Lui-même souffrant d'une maladie osseuse, il estime que trop de personnes en situation de handicap ne s'autorisent pas à venir dans des festivals. "Cette année, une professionnelle fait de l'audiodescription pour les malvoyants. Des gilets vibrants, permettant de ressentir les vibrations, sont distribués aux malentendants. Une zone accueil détente est mise à disposition. Un lieu sécurisé est dédié à la prise de médicaments et des injections", énumère-t-il. L'équipe "Accessibilité et handicap" du festival mobilise chaque jour une trentaine de personnes bénévoles de 11 heures à 3 heures. "On a aussi mis en place une ligne téléphonique dédiée pour que les festivaliers puissent spécifier en amont leurs besoins. Et pour que nous puissions nous adapter à eux et leur donner une réponse le plus rapidement possible", ajoute Julien Macou, qui co-construit les plans d'action RSO (Responsabilité sociétale des organisations). En parallèle, le festival Terres du son travaille toute l'année avec plus d'une quinzaine de structures médico-sociales.