Thiago Silva, Alphonse Areola, Adrien Rabiot et Zoumana Camara (un ancien défenseur qui fait désormais partie du staff)… Quatre joueurs du Paris-Saint-Germain ont accepté de perdre leurs repères en tentant une expérience inédite : le foot fauteuil électrique. Ils ont répondu à l'invitation de Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat en charge du handicap, qui a souhaité placer le 3 décembre, journée mondiale des personnes handicapées, sous le signe du sport partagé.
Expérience déstabilisante
Rendez-vous est donné au gymnase des Lavandières, à Saint-Germain-en-Laye (92), tout près du Camp des Loges où s'entraînent les Parisiens. Au lendemain de leur défaite contre Strasbourg, qu'ils n'ont pas souhaité commenter, ces quatre joueurs sont venus à la rencontre de l'équipe de foot fauteuil du club Upsilon de Châtenay-Malabry. Créé en 2005, il compte une cinquantaine d'adhérents, dont 20 joueurs de foot fauteuil, hommes et femmes. Les joueurs du PSG prennent place dans des petits bolides hyper réactifs qui foncent à plein gaz sur le terrain. L'expérience est déstabilisante, il faut trouver ses repères. Des ratées, des hésitations, des accélérations fulgurantes, des fous rires, sous l'œil expert des pros de la team Upsilon qui prodiguent quelques conseils.
1er but de la saison pour Areola
« C'est sympa mais compliqué, commente Adrien Rabot. C'est un peu comme avec une voiture. Il faut la prendre en main. » Alphonse Areola, gardien de but du PSG, fait part de ses sensations : « C'est super dur. Ça va super vite. » Après quelques minutes d'entraînement et une volte hyper contrôlée, il assène un tir fulgurant. Il se dit fier de « marquer son premier but de la saison ». Pour lui, cette rencontre est « importante » car elle offre une « image forte à tous les passionnés de foot ». Foot fauteuil, cécifoot, le ballon rond se décline pour tous les profils. « Il est important de donner ce bonheur à tous », conclut-il. Il vient d'apprendre que l'équipe de France de foot fauteuil est pour la première fois en 2017 championne du monde. Se dit « impressionné » ! « C'était important pour nous, sportifs de haut niveau, de pouvoir venir ici », se félicite Adrien Rabot.
Créer des ponts entre les pratiques
« Le fait qu'ils soient footballeurs doit les aider à anticiper la trajectoire de la balle, confie Sebiane Habeddine, président d'Upsilon. Pour le reste, c'est vraiment différent ». Pour cet ancien capitaine de l'équipe de France de foot fauteuil et vice-champion du monde, cette rencontre a valeur d'exemple : « Elle permet de partager entre sportifs de toutes conditions. Il y a des sportifs de haut niveau, assis et debout, et surtout la relève du PSG. C'est important de convaincre ces jeunes qu'ils pourront faire du sport quelle que soit leur condition physique et leurs aptitudes, de les mettre dans des dispositions positives et constructives ». Selon lui, « ça matche » car tous ont un point commun : la passion du sport. Il entend, via ce type d'initiative, « créer des ponts ». « Le sport permet de travailler sur les complémentarités, comme dans la société. Il y a dans notre équipe des gens qui ne peuvent pas marcher mais qui sont ingénieurs. On se concentre sur les qualités et pas les incompétences », explique-t-il.
Sensibiliser la relève
Ce matin-là, l'équipe des U15 du PSG (jeunes joueurs âgés de 14 ans) est en effet également de la partie. Elle est venue disputer un match debout-assis. Tous ces futurs champions sont volontaires. « C'est une sensation bizarre, explique Mattéo, 14 ans. On imaginait que les personnes handicapées ne pouvaient pas faire de foot. Mais en fait on a tous des qualités et des défauts. Il faut exploiter au maximum les qualités pour réussir. » Lorsqu'on lui demande s'il est un peu perturbé par ce type jeu, il répond : « Oui, on a essayé de tirer moins fort mais de toutes façons le ballon est plus lourd. » Natalia Pouzyreff, députée des Yvelines, leur explique que la championne de fleuret Laura Flessel, aujourd'hui ministre du Sport, s'est entraînée pendant 20 ans en fauteuil pour multiplier les sensations.
Continuer malgré les blessures
Celui qui les entraîne s'appelle Diallo Kaou. Il défend un « sport universel ». « On ne doit pas seulement en parler mais le vivre. Lors d'une précédente expérience en cécifoot, nos jeunes ont pris conscience de la chance qu'ils avaient d'avoir tous leurs sens. Ils étaient complètement perdus. A un âge où ce sont des éponges, il est important qu'on leur inculque ce genre de choses. Ils sont très en demande de découverte et c'est vraiment magique ! ». Pas de barrière selon lui entre les pratiques selon lui : « On leur fait comprendre qu'un jour ils seront peut-être victimes de grosses blessures et que leur passion pour le sport ne s'arrêtera pas pour autant ».
Une section handisport au PSG ?
Ne manquait au tableau que Neymar, pourtant impliqué dans le champ du handicap puisqu'il est, depuis août 2017, ambassadeur de l'ONG Handicap international (article en lien ci-dessous). Sophie Cluzel donne elle aussi de sa personne, et le fauteuil une fois bien en main, tente quelques passes. « Le sport est un vrai vecteur d'intégration et cette rencontre est un beau message », confie-t-elle. A l'issue des échanges, elle va droit… au but : « A quand une section handisport au PSG ? ». En guise de réponse, des sourires. Proposition pour le moment sur la touche mais la passe est faite…
Album photos de la rencontre dans le lien ci-dessous.