Handicap : après le cyclone, les assos mahoraises à la peine

C'était il y a quatre mois. Le cyclone Chido a dévasté Mayotte et balayé les maigres efforts des associations locales dans le champ du handicap. Aujourd'hui, tout est à reconstruire. Certaines familles ont quitté l'île, faute de solution pérenne.

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Image vue du ciel d’un village à Mayotte, en bord de mer

Le 14 décembre 2024, Chido a frappé l'île de Mayotte, un cyclone d'une amplitude inégalée. 39 morts et plusieurs milliers de blessés, c'est le bilan dressé par les autorités. Quid des personnes en situation de handicap restées sur place ? Celles-ci sont généralement les premières victimes des crises humanitaires (Handicap : l'urgence d'adapter l'aide humanitaire). Quelles sont leurs conditions d'accueil après la catastrophe ? Comment les structures médico-sociales se relèvent-elles ? Et quelles difficultés particulières ont été signalées ? Décryptage en vidéo (ci-contre).

Un suivi médical difficile

D'abord, l'accès aux soins a été sévèrement impacté. Avec des routes bloquées et des établissements endommagés, le suivi médical est devenu un défi quotidien. Les structures médico-sociales n'ont pas été épargnées, dans un contexte déjà fragile. « L'offre médico-sociale à Mayotte est nettement insuffisante par rapport à celle de l'Hexagone, affirme l'Agence régionale de santé (ARS) locale. En ce qui concerne le handicap, le taux d'équipement y est de 5 à 10 fois inférieur à la moyenne nationale. »

Une accessibilité très limitée

« À Mayotte, on est encore très loin de l'accessibilité, que ce soit sur les bâtiments, les ERP (établissements recevant du public, ndlr) mais également la voirie, les trottoirs, la circulation pour une personne - même sans être en fauteuil roulant - qui a une poussette, qui marche difficilement. C'est très compliqué, voire impossible », rapporte Ségolène Meunier, directrice de la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) 976.

3,5 millions accordés par l'ARS pour soutenir le médico-social

Lors du passage du cyclone Chido à Mayotte, une grande partie des établissements spécialisés étaient fermés, en raison notamment des vacances scolaires. « Avant même de disposer d'un état des lieux complet, nous nous sommes mobilisés pour soutenir le secteur médico-social de l'île, afin d'assurer une reprise rapide des activités et le maintien de l'accompagnement des populations les plus vulnérables », confie l'ARS. Aides d'urgence eau et alimentation, aides à la reconstruction, appui à la préparation d'un plan de résilience, déploiement d'équipes mobiles… Au total, ce sont 3,5 millions d'euros qui ont été alloués par l'ARS « afin de soutenir les associations et les publics accueillis ». 

ESMS touchés : mise en place d'accompagnements à domicile 

« Aujourd'hui les ESMS n'ayant pas repris les accueils 'habituels' ont mis en place des accompagnements à domicile ou des relais avec des prises en charge d'autres associations, dans le cadre d'un réseau associatif pour mutualiser les ressources », poursuit l'agence régionale. De son côté, la MDPH 976 tente de reprendre un rythme normal… « On a retrouvé un fonctionnement technique normal. On a récupéré notamment ce qui nous manquait pendant longtemps, la connexion Internet. Les deux sites de la MDPH ont été, par rapport à notre voisinage, assez épargnés. Et les équipes sont aujourd'hui au complet, elles sont revenues progressivement. Les évaluations des dossiers des usagers ont donc repris », rassure Ségolène Meunier. 

« Depuis Chido, certains enfants ne parlent plus, ne mangent plus »

Pour des associations de moindre envergure, telles qu'Autisme Mayotte, c'est plus compliqué. « Les familles en situation de handicap ont vraiment beaucoup souffert et continuent de souffrir », déplore Ernestine Bakobog, directrice de l'association. Celle-ci accueille 400 familles en temps normal. 23 d'entre elles ont dû fuir l'île pour rejoindre la métropole et offrir un suivi correct à leur enfant. « Depuis Chido, ces enfants avec TSA ont développé des symptômes graves, sont entrés dans un mutisme. Certains ne s'alimentent plus, ne parlent plus. Or, nous n'avions déjà pas les ressources nécessaires, le matériel pédagogique, des psychologues comportementalistes à disposition. Aujourd'hui, c'est encore pire », poursuit la directrice, maman d'un jeune homme vivant avec un TSA. Et de poursuivre : « Mayotte est une belle île que nous devons reconstruire. Et les personnes en situation de handicap sont vraiment en forte demande. ».

© Insularis de Getty Images / Canva

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Clotilde Costil, journaliste Handicap.fr"
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