Handicap : des solutions pour prévenir la dénutrition

La dénutrition touche 2 à 3 millions de Français, dont une majorité en situation de handicap. Perte de poids, fatigue, troubles bucco-dentaires... Les signes sont là, mais passent souvent inaperçus. Pour la repérer, des réflexes peuvent être adoptés.

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« En un mot : peser, peser, peser ! » Repérer la dénutrition chez les personnes en situation de handicap est un enjeu majeur, comme le rappelait l'association Coactis santé lors d'un webinaire pendant la semaine nationale de la dénutrition, en novembre 2024 (replay en vidéo ci-contre). Cette maladie, qui résulte d'un déséquilibre entre les apports nutritionnels et leur utilisation, est mal repérée chez les personnes en situation de handicap. Elle touche pourtant bon nombre d'entre elles, a fortiori celles avec un polyhandicap (deux sur trois).

L'impact sur la santé mentale et physique

« La santé passe par l'alimentation, ce n'est pas nouveau. Que l'aliment soit ton 1er médicament, disait Hippocrate », rappelle Pierre Jésus, responsable de l'unité de nutrition au CHU de Limoges. D'un point de vue physiologique mais également psychologique, puisque « l'alimentation est souvent l'un des derniers plaisirs ». 

Une maladie qui aggrave le handicap

Traitements qui coupent l'appétit, anxiété à l'idée de faire une fausse route… La liste des causes possibles de la dénutrition est très longue. Que se passe-t-il lorsque les repas perdent leur capital plaisir et quand la personne ne peut plus s'alimenter correctement ? « La dénutrition est une pathologie, elle empire l'état de santé général », poursuit ce professeur de nutrition. Autrement dit, ne pas bénéficier des apports nécessaires au bon fonctionnement de l'organisme affaiblit ses défenses immunitaires, provoque une perte musculaire, diminue l'efficience de la guérison ou de la cicatrisation, détériore l'état psychique… Des conséquences qui aggravent le handicap et rendent l'alimentation plus difficile encore. « C'est un cercle vicieux », insiste Pierre Jésus.

Gare à la perte de poids !

Alors, que faire ? Une prise en charge doit être mise en place le plus rapidement possible. Et pour cela, il faut d'abord être capable de repérer les signaux d'alerte dès qu'ils apparaissent. Pour les enfants, se concentrer sur la croissance est un bon point de départ – un retard dans la prise de poids est un indicateur. Chez les adultes, « une perte de poids non désirée est pathologique. Si elle est importante, c'est d'autant plus inquiétant : cinq kilogrammes pour ceux dont l'Indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 16, trois kilogrammes pour les autres. A noter que, dans l'idéal, l'IMC doit être supérieur à 16 ». Certains outils, comme le SEFI (Simple evaluation of food intake) ou le PARAD (Poids, appétit, repas, alimentation) permettent de faire le bilan en toute simplicité.

Être attentif aux changements

S'intéresser aux habitudes de la personne peut également aider : variations dans son appétit, fatigue anormale, perte d'intérêt, difficultés de concentration ou de mémoire inhabituelles… Les signes plus tangibles sont également à prendre en compte, comme des vêtements trop grands, la coquille du fauteuil trop large, la ceinture trop longue. 

Attention à l'hygiène bucco-dentaire !

Un autre vivier d'indices : la bouche ! Veiller à la santé bucco-dentaire est extrêmement important, d'autant que les consultations spécialisées sont parfois inaccessibles aux personnes en situation de handicap (Handicap : des dents en bonne santé contre la dénutrition). Une dénutrition peut être la source de gencives irritées, de dents affaiblies, de caries… Là encore, c'est un cercle vicieux : « Une bonne hygiène bucco-dentaire est indispensable pour bien se nourrir. Une bouche en mauvaise santé, c'est un risque d'infection, de fausse route ou de mauvaise mastication », explique le professeur. 

Un outil numérique pour orienter les patients

Rassurez-vous, « il est possible de sortir de l'état de dénutrition », assure Pierre Jésus. Les Structures régionales d'appui (SRA) aux problématiques relatives à la nutrition accompagnent les professionnels de santé dans la qualité des soins. De son côté, le Centre de ressources nutrition (CERENUT) de Nouvelle-Aquitaine propose le Clinibot, un robot d'aide à la décision qui accompagne les usagers dans leurs actions (adaptation de l'alimentation, positionnement lors des repas, besoin d'une vidéoscopie pour analyser la déglutition…). 

Professionnaliser les soignants

En complément d'actions de formation, d'événements et de la diffusion de bonnes pratiques, le CERENUT a mis au point d'autres ressources, cette fois destinées aux professionnels accompagnants ou de santé. Comme le logiciel de menus et de commandes Kyriell' pour les établissements médico-sociaux ou les fiches techniques CEREKIT, une aide au « diagnostic du statut nutritionnel et à la prise en charge de la dénutrition, du surpoids et de l'obésité ».

De son côté, Coactis santé met à disposition plusieurs fiches sur le sujet sur le site Handiconnect.fr : Polyhandicap : comment corriger une dénutrition ? ; TSA : la prise en charge diététique ; Handicap psychique et syndrome métabolique...

© Stocklib / Nitcharee Sukhontapirom

Des mains tienent une fourchette et une cuillère au-dessus d’une assiette vide.
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