Imaginer des solutions innovantes pour améliorer le quotidien des personnes handicapées. Top chrono, vous avez 24 h ! Telle est l'ambition du hackathon. Ce terme désigne un événement durant lequel des groupes de développeurs volontaires se réunissent pendant une période donnée afin de travailler sur des projets commun, un concept qui se démocratise depuis plusieurs années dans le champ du handicap (articles en lien ci-dessous). 400 élèves de 4e année de l'école d'ingénieurs EPF (ex-École polytechnique féminine) ont ainsi relevé le défi les 20 et 21 juin 2019. Les trois campus de Sceaux, Troyes et Montpellier se sont mobilisés pour cette 4e édition, centrée sur les enfants et jeunes adultes en situation de handicap. Encadrés et coachés par un panel d'experts, les étudiants ont planché, par équipes de dix, sur différentes thématiques : accessibilité numérique, autonomie par le design ou par l'énergie, robot/objet connecté, mobilité et accessibilité urbaine... Un jour plus tard, de nombreuses idées « créatives » ont émergé.
Déchiffrer la langue des signes
Dix projets sont sortis du lot et ont particulièrement attiré l'attention des entreprises, à commencer par ceux élaborés à Sceaux. Deaf'E déchiffre la langue des signes via un système de capteurs vidéo et permet ainsi aux personnes entendantes de s'adapter au handicap de leur interlocuteur. Smart Eyes propose aux personnes non ou malvoyantes de décrypter leur environnement par le biais de lunettes connectées et d'un micro/écouteur. Mention spéciale à Easy Strapy qui a remporté le prix « coup de cœur » ; avec ce bracelet connecté, les enfants en situation de handicap auditif peuvent mieux appréhender les sons et les choses qui les entourent.
Jouer de la guitare avec les pieds
Le podium de Troyes se compose de : Guit'sar, un boitier commandé avec le pied pour jouer de la guitare en cas d'atteinte d'un membre supérieur ; Timiz, une montre adaptable en porte-clés qui affiche des symboles visuels pour aider les enfants autistes à effectuer leurs tâches quotidiennes, ainsi que Medoco, un boitier permettant aux personnes déficientes visuelles ou atteintes de pertes de mémoire légères de lire les étiquettes disposées sur les plaquettes de médicament, pour éviter toute erreur et oubli. Enfin, à Montpellier, Potafun a remporté le prix « coup de cœur », en donnant la possibilité aux enfants à motricité fine de jardiner avec leurs camarades. Quant à Eau-Tonomie, il favorise l'autonomie des personnes déficientes visuelles dans l'eau tandis que CapeHot aborde un thème souvent tabou, a fortiori dans le handicap, la sexualité. Auton'Home développe, enfin, l'autonomie et la sécurité des personnes sourdes ou malentendantes dans leurs déplacements du quotidien.
Des besoins définis en amont
Cette année, l'EPF a été sollicitée dans le cadre d'une enquête internationale sur le handicap. Quatre étudiantes de la majeure « Ingénierie et santé » y ont participé, chargées, en parallèle, de travailler avec un collectif de médecins sur un recueil de besoins visant à « favoriser l'implication des jeunes en situation de handicap dans la vie quotidienne et les loisirs ». En mai dernier, lors de la conférence EACD 2019 (European academy of childhood disablility), évènement majeur sur le handicap de l'enfant (article en lien ci-dessous), ces mêmes étudiantes avaient participé à l'organisation d'un pré-hackathon. Neuf équipes multidisciplinaires mettaient leurs savoirs en commun pour faire émerger des « profils types de besoins ». Ce « recueil » a été le point de départ du Challenge 24h Innov'Handicap 2019, dont l'objectif était d'apporter des solutions.
Activités de sensibilisation
Cet évènement vise également à sensibiliser les élèves ingénieurs aux enjeux de l'accessibilité pour tous. Des activités telles que le cécifoot, des ateliers et des pokers braille ou encore des parcours « à l'aveugle » étaient donc proposés. « Cela permet de ressentir ce que les personnes handicapées vivent au quotidien et de trouver des solutions pour les aider », estime Christ-Hervé. « C'est très motivant comme challenge ! », renchérit Maïna. Les maîtres-mots de ce hackathon ? « Ouverture, concret et fédérateur », répondent les élèves de l'EPF. Selon Irène Idec, spécialiste diversité chez Dassault Systèmes, l'un des partenaires de l'événement, ces derniers sont « les ingénieurs de demain » et l'enjeu de cet évènement est de leur apporter « tout le bagage nécessaire pour créer une belle société ».