* Organisation mondiale de la santé
1,3 milliard, c'est le nombre d'individus qui vivent aujourd'hui avec un « handicap important », soit 16 % de la population mondiale, selon le dernier rapport de l'Organisation mondiale de la santé sur l'équité dans l'accès à la santé pour les personnes handicapées (ou Global report on health equity for persons with disabilities , en anglais) publié le 2 décembre 2022. Cela correspond à une hausse de 1 % par rapport au précédent rapport de 2011. Parmi ces personnes, près de 80 % vivent dans des pays à « revenus faibles ou intermédiaires » et plus de la moitié n'ont pas les moyens de financer des soins, mettant leur santé en péril. Elaboré avec l'aide des Etats membres de l'OMS et les acteurs du secteur du handicap et de la santé, dont Handicap international, ce rapport de 312 pages vise ainsi à alerter sur les inégalités en matière d'accès aux informations et aux services de santé.
Un risque plus élevé de développer une maladie
« Les personnes handicapées ont deux fois plus de chance de faire face à des professionnels, des infrastructures et des équipements inadaptés, trois fois plus de se voir refuser des soins et quatre fois plus d'être maltraitées dans les établissements de santé », pointe le texte. Certains types de handicap engendrent une particulière vulnérabilité ; en effet, 76 à 85 % des personnes avec un handicap mental ou psychique vivant dans des pays à revenus faibles ou intermédiaires n'ont pas accès à des « services adéquats ». Résultat : l'accès limité ou tardif aux services de santé provoque un risque plus élevé de développer une maladie. Les personnes handicapées sont ainsi trois fois plus exposées au diabète, deux fois plus au VIH et deux fois plus à la malnutrition. Elles sont donc « confrontées à un écart d'espérance de vie de 10 à 20 ans dans le monde », indique le rapport.
Pas un fardeau financier
Les personnes handicapées sont, plus précisément, « marginalisées de manière disproportionnée dans la réalisation de leur droit à la santé dans les situations d'urgence, de catastrophe, de conflit et de déplacement », ajoute-t-il, indiquant que « ces inégalités ne sont pas seulement dues à leur handicap mais aussi aux stigmatisations persistantes ». Pourtant, le rapport brise une idée reçue selon laquelle la « santé inclusive serait un fardeau financier », en montrant que, « pour chaque dollar dépensé pour la mise en œuvre d'une prévention et d'un traitement du handicap pour les maladies non transmissibles, on pourrait obtenir l'équivalent de dix dollars en retour ».
Quand les inégalités menacent la santé
« Les personnes handicapées ont les mêmes droits à l'information et aux services de santé que tout autre mais elles rencontrent souvent des obstacles pour y accéder. Ils sont d'ordre physique, communicationnel, comportemental et financier : les bâtiments ne sont pas adaptés -il n'y a pas de rampe pour les personnes en fauteuil roulant ni d'ascenseur, par exemple- et les praticiens peuvent considérer qu'elles doivent être soignées dans des centres spécialisés et ainsi refuser de les consulter », constate Alessandra Aresu, directrice pour la santé inclusive chez Handicap international. Selon elle, tous ces obstacles « violent leur droit à la santé et constituent une réelle menace ». Pour changer la donne, l'ONG œuvre pour la promotion de « politiques de santé inclusives » et la formation du personnel de santé sur l'inclusion du handicap. Elle s'est notamment engagée à soutenir les pays membres en leur fournissant « les orientations et les outils » nécessaires pour permettre à toutes les personnes handicapées d'avoir accès à des services de santé de qualité.
40 actions ciblées
Le rapport de l'OMS liste ainsi 40 mesures que les pouvoirs publics devraient mettre en œuvre, allant de la mise en conformité des infrastructures matérielles à la formation des agents de santé et d'aide à la personne. « Nous exhortons les gouvernements, les partenaires de la santé et la société civile à veiller à ce que toutes ces actions incluent les personnes handicapées », déclare Dr Bente Mikkelsen, directrice du département « Maladies non transmissibles » à l'OMS, assurant que la « lutte contre les inégalités en matière de santé pour les personnes handicapées profite à tout le monde », a fortiori aux personnes âgées, celles atteintes de maladies non transmissibles, migrants et réfugiés ou d'autres populations « souvent oubliées des services ».