La modernisation des établissements et services d'aide par le travail (Esat) était "attendue depuis longtemps" par les associations gestionnaires et par les personnes handicapées elles-mêmes, a expliqué Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat au Handicap, à la revue ASH (Actualités sociales hebdomadaires) le 26 janvier 2021.
Faire évoluer l'offre de services
La concertation préalable à la réforme portera notamment sur "l'évolution de l'offre de services", la "sécurisation des parcours et le renforcement des droits des personnes" handicapées, ainsi que "l'accompagnement des professionnels et l'attractivité des métiers", a précisé la secrétaire d'Etat. De premières propositions des groupes de travail doivent être présentées lors d'un Comité interministériel du handicap (CIH) d'ici juillet 2021, mais tous les chantiers n'auront pas forcément abouti d'ici là, selon Mme Cluzel. "D'ici juillet, nous pourrons d'ores et déjà intervenir sur ces irritants du quotidien qui sont très dommageables pour le droit des personnes", a-t-elle cependant précisé, évoquant par exemple le fait que les travailleurs handicapés des Esat, parce qu'ils ne sont pas salariés, ne peuvent actuellement pas bénéficier d'une mutuelle ou de dispositifs d'intéressement, lorsqu'ils existent dans leur établissement.
"Avec cette concertation (…), nous allons pouvoir répondre aux enjeux que sont notamment l'aspiration des personnes à s'inscrire dans un parcours personnalisé vers l'emploi, avec un droit aux allers retours entre les milieux dits ordinaire, adapté et protégé, a ajouté Sophie Cluzel. Cette démarche vise également à aider les professionnels dans l'accompagnement de nouveaux profils de travailleurs, notamment dans le champ du handicap psychique". Elle dit "attendre beaucoup des propositions qui émergeront des cinq groupes de travail."
160 millions en temps de Covid
1 400 Esat accueillent environ 120 000 personnes handicapées, selon des chiffres de 2014. Elles peuvent y exercer une activité professionnelle tout en bénéficiant d'un soutien médico-social et éducatif dans un milieu protégé. En 2020, le gouvernement a consacré 160 millions d'euros pour soutenir les Esat affectés par la crise du Covid, a souligné Mme Cluzel dans son entretien aux ASH. "Il s'agissait de préserver les revenus des travailleurs et les établissements eux-mêmes", a-t-elle observé. En 2021, une enveloppe de 10 millions a en outre été "sanctuarisée" pour aider "au cas par cas les structures qui exercent leur activité dans les domaines les plus impactés" par la crise sanitaire, "notamment par les fermetures administratives", a précisé la secrétaire d'Etat, citant l'hôtellerie, la restauration, le tourisme, ou encore "la sous-traitance dans des secteurs comme l'aéronautique". Les ESAT sont invités à faire connaître leur situation, sur la base d'un dossier qui leur a été adressé, auprès de leur ARS (Agence régionale de santé) d'ici le 12 février 2021.