La 17ème Semaine pour l'emploi des personnes handicapées s'achève le 24 novembre 2013. Une semaine dédiée où les manifestations et rencontres se sont succédé à un rythme effréné, mobilisant à la fois les acteurs de la sphère économique et les medias. De son côté, Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée aux personnes handicapées, revenait sur cette question à l'occasion d'une rencontre avec la presse le 21 novembre, prétendant que l'emploi était au cœur des grandes réformes engagées par le gouvernement, avec la « volonté de donner du travail à tous les salariés de ce pays ».
Evidemment, les chiffres révèlent une toute autre réalité puisque le taux de chômage des personnes handicapées est deux fois supérieur à la moyenne nationale, pour atteindre 21 % en 2013 (soit 380 000 demandeurs d'emploi). Une situation alarmante qui justifie que ce chantier de l'emploi soit inscrit en priorité au programme du CIH (Comité interministériel du handicap) qui a réuni tous les ministres impliqués dans la politique du handicap le 25 septembre 2013.
Des managers sensibilisés
Certains employeurs, qui ont « sauté le pas », ont beau prétendre qu'un travailleur handicapé apporte de l'énergie et de l'émulation dans l'entreprise, ils sont encore nombreux à se retrancher derrière leurs craintes et leurs préjugés. « Ils ont besoin d'être rassurés et accompagnés, selon la ministre ! » Elle observe que les cadres et managers de plus de 40 ans, qui n'ont certainement jamais eu l'occasion de côtoyer des camarades handicapés lors de leurs études, à l'époque où l'école inclusive n'était encore qu'une utopie, doivent pouvoir être sensibilisés à l'accueil de ces salariés.
Des travailleurs handicapés mieux formés
De leur côté, les travailleurs handicapés ont besoin d'être formés, un engagement qui débute dès l'école maternelle et se poursuit jusqu'aux études supérieures. Marie-Arlette Carlotti affirme que « cet enjeu est au cœur des débats menés avec les partenaires sociaux et porte également sur une accès facilité à l'alternance et à la formation professionnelle, qu'elle soit initiale ou continue. » Cela suppose également de rénover l'offre de formation spécialisée et notamment les centres de réadaptation professionnelle.
Cap emploi : doit mieux faire !
Après une récente rencontre avec les services de Cap emploi (l'équivalent de Pôle emploi dédié aux travailleurs handicapés) et pour parer aux reproches qui sont trop souvent adressés à ces services, la ministre promet d'engager des efforts pour assurer un meilleur suivi des postulants. Son engagement porte également sur un plus grand soutien accordé aux créateurs d'entreprise et travailleurs handicapés indépendants.
ESAT : consolider l'existant
Dans ce contexte, le secteur protégé et adapté doit jouer pleinement son rôle d'insertion. Les travailleurs les plus vulnérables y sont responsabilisés et valorisés. Un encadrement médico-social leur permet d'exercer une activité professionnelle dans des conditions adaptées à leur situation. En 2014, 2.6 milliards d'euros devraient donc (si le Sénat et l'Assemblée nationale valident le budget proposé par Marie-Arlette Carlotti) permettre de financer les 120 000 postes existants aujourd'hui en France. Il n'y aura donc pas de créations de places comme demandé par les associations concernées mais un effort réalisé pour « renforcer les ESAT, leur donner une plus grande visibilité dans la sphère économique et leur permettre de répondre davantage aux marchés publics. » Une « option promotion » pour témoigner de leurs compétences.
Revaloriser les salaires dans les ESAT
Pour ce budget 2014, Marie-Arlette Carlotti annonce néanmoins des efforts dans trois domaines. En premier lieu, reconnaître le travail des professionnels du médico-social qui encadrent et accompagnent les travailleurs handicapés en milieu protégé en revalorisant « un petit peu » la masse salariale dédiée de 10 millions d'euros (sur 1.4 milliards au total, soit moins de 1 %). Mais également accorder un soutien au pouvoir d'achat des travailleurs en ESAT par l'augmentation de la garantie de rémunération portée à 1.25 milliards d'euros. Enfin, une enveloppe sera dédiée à la modernisation des établissements sur trois ans (1 millions d'euros en 2012, 2,5 en 2013 et 3,5 en 2014).
ESAT : un vrai acteur économique
La ministre insiste sur le fait que les ESAT devront développer des passerelles entre le milieu protégé (ESAT) et le milieu ordinaire ou les entreprises adaptées (EA, c'est-à-dire une entreprise ordinaire qui emploie au moins 80 % de personnes souffrant d'un handicap), permettant une montée en compétence progressive, des mises à disposition ponctuelles et un retour possible vers l'ESAT en cas de problème. Selon Marie-Arlette Carlotti, « les travaux du CIH ont permis de positionner les ESAT comme des acteurs essentiels de la stratégie de l'Etat en matière d'emploi ».
Bilan en septembre 2014 lors de la Conférence nationale du handicap
Cela passe également par la reconnaissance des acquis de l'expérience. La grande majorité des travailleurs d'ESAT n'ont aucun diplôme mais des compétences qui peuvent et méritent d'être valorisées afin d'étayer leur parcours professionnel. La ministre dit également vouloir se préoccuper du sort des travailleurs handicapés vieillissants, notamment en facilitant les temps partiels. Des budgets viendront consolider l'axe emploi mais nul ne sait encore combien ni quand ! Le bilan de cette politique se fera dans moins d'un an, à l'occasion de la Conférence nationale du handicap (CNH) qui est prévue au dernier trimestre 2014.