Marie Rabatel promet de porter plus que jamais la voix des enfants handicapés... Présidente de l'Association francophone des femmes autistes (interview en lien ci-dessous), elle-même victime de violences sexuelles dans son enfance, elle a été conviée à rejoindre la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), en tant qu'experte en « politique publique ». Plus de 25 000 plaintes de mineurs sont déposées chaque année. Parmi elles, combien concernent des enfants en situation de handicap, ce dernier étant considéré comme un facteur majeur de vulnérabilité ? Pas de chiffres mais des estimations alarmantes ; selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), ce public serait trois à cinq fois plus exposé que le reste de la population. Il y a quelques semaines, Adrien Taquet, secrétaire d'Etat à l'Enfance et aux Familles, reconnaissait que « beaucoup de questions restent invisibilisées, comme l'inceste et les violences sexuelles sur les enfants handicapés ».
Des travaux approfondis
Trois mois après sa création, et dans le cadre de l'engagement d'Emmanuel Macron de janvier 2021, cette commission a officiellement démarré ses travaux le 11 mars. Unique en France, elle est composée de vingt membres permanents et de sept « grands témoins », eux-mêmes victimes, à l'instar d'Isabelle Aubry, fondatrice de Face à l'inceste, ou de l'ex-rugbyman Sébastien Boueilh. Après la démission d'Elisabeth Guigou, citée comme proche d'Olivier Duhamel, accusé de viols incestueux par sa belle-fille Camille Kouchner, la Ciivise est désormais co-présidée par le juge des enfants Edouard Durand et Nathalie Mathieu, directrice générale de l'association Docteurs Bru qui prend en charge des victimes d'inceste. Elle entend « mener des travaux approfondis sur la formation de professionnels, des enquêtes de victimisation et des programmes de prévention dans tous les espaces fréquentés par les enfants », et, ce, « dès le plus jeune âge ». Adrien Taquet a précisé que « l'ensemble de ces travaux doit veiller à prendre en compte la singularité des enfants en situation de handicap ».
Enjeu majeur : recueillir la parole
Recueillir la parole des victimes est « l'enjeu majeur ». Ainsi, magistrats, avocats, membres des forces de l'ordre, chercheurs, psychologues ou encore pédiatres vont aller, d'ici l'été, à la rencontre des victimes. Pour ce faire et assurer sa visibilité, la commission promet de se doter « rapidement » d'un site Internet et d'un numéro d'appel dédié aux victimes, qui seront « immédiatement réorientées » vers des prises en charge « adaptées », selon Adrien Taquet. Elle se donne deux ans pour « changer le regard de la société sur les violences sexuelles faites aux enfants », a-t-il ajouté, un rapport intermédiaire étant attendu début 2022.
FDFA lance #IncesteHandicap
Rappelons également que Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir (FDFA) a décidé de s'emparer de cette question (article en lien ci-dessous). Le 29 mars 2021, cette association de défense des femmes en situation de handicap lancera officiellement sur les réseaux sociaux, dans la lignée de #MeTooIncest, #IncesteHandicap afin d'encourager les femmes handicapées victimes de violences incestueuses à s'exprimer, tandis qu'une enquête sociologique sur ce sujet éminemment tabou sera menée.