Pour beaucoup, handicap rime avec immobilisme. Mais certains ont décidé de donner un bon tour de roue aux idées reçues. Ils pédalent et dévalent à travers la France et le monde. Cette "petite reine" les fait avancer au-delà de l'imaginable et révèle qu'au-delà du handicap la vie continue de rouler très fort. A vélo, en fauteuil, en roller, assis, couché, en solo, en équipe, à la force des bras ou des jambes... Un peloton atypique défie le handicap ou la maladie dans un contre-la-montre forcément victorieux...
Star de cinéma
Le film de Nils Tavernier sorti courant 2014, "De toutes nos forces", a fait entrer le vélo adapté dans ce Panthéon. Il est inspiré de l'histoire vraie de l'Américain Dick Hoyt qui prit part avec Rick, son fils handicapé, à 984 événements dont 229 triathlons (dont 6 Ironman), 20 duathlons et 66 marathons. Il y a quelques jours, un tout jeune confrère, lui aussi américain, âgé de 8 ans, lui donnait la réplique en s'engageant dans un triathlon junior, parcourant, entre autres, 4,8 km à vélo avec son jeune frère Lucas, atteint d'une maladie rare. D'autres ont adopté cette cadence, repoussant toujours plus loin les frontières...
Au-delà des frontières
En 2003, Etienne Hoarau, atteint du "syndrome de Little", a traversé une partie de l'Amérique du sud et des Etats-Unis, soit 7 000 kilomètres en sept mois ! Tout petit, en dépit de sa démarche chaloupée, penché en avant sur la pointe des pieds, genoux fléchis vers l'intérieur, son père l'a incité à enfourcher un vélo. Cette épreuve physique ponctuée de rencontres mémorables lui a permis de "faire la paix" avec son handicap. Cinq jeunes Bretons se sont également élancés, le 12 juillet 2014, dans un tour du monde à vélo, poussant à tour de rôle le père de l'un d'entre eux, atteint de sclérose en plaques, qui a pris place dans un siège remorque spécialement aménagé pour cette épopée. 15 000 km prévus en un an !
Et aussi en fauteuil roulant
Le 15 juillet 2014, Manon Doyelle bouclait son tour du lac Léman en fauteuil d'athlétisme. 190 km pour cette jeune sportive de 25 ans atteinte d'une maladie dégénérative, en fauteuil depuis cinq ans. Elle a parcouru les 5 étapes en moins de 20 heures cumulées. Dans sa roue cet été, d'autres fondus sont sur la ligne de départ d'un Paris-Bruxelles ; à l'initiative de Mobile en ville, une association qui se bat pour l'accessibilité des villes à toutes les "roulettes", ils ont décidé de parcourir plus de 800 kilomètres en roller et fauteuil roulant. Ils seront sur la route du 18 au 22 août 2014. En 2012, déjà, Mobile en Ville ralliait avec succès Paris à Londres. Cette initiative peut compter sur le soutien d'autres consœurs à travers l'Europe : Rouli roula en Belgique ou Wheels & Wheelchairs en Angleterre.
Un vélo dans la tête
On dit parfois d'eux qu'ils ont un "petit vélo dans la tête" ; ils ont prouvé qu'ils pouvaient l'avoir aussi entre les jambes. Pour faire entendre la voix des personnes souffrant de troubles psychiques et de leurs proches, une belle échappée portant le nom de « Psycyclette » a décidé de traverser la France à grand braquet. Le 18 juin 2014, ses sprinteurs ont relevé le défi et bouclé un Toulouse-Paris de 800 kilomètres ! Quel que soit le handicap, tous en connaissent un rayon et à l'heure où les reports de loi sur l'accessibilité semblent ne pas aller comme sur des roulettes et limiter la mobilité de certains, tous ces mordus ont décidé de conjurer le sort et de vivre la "tête dans le guidon"...
Un outil ultra positif
Au-delà de l'ambition ou du plaisir personnel, il semble que, depuis quelques temps, cette démarche ludique et sportive soit devenue un moyen de communication dans l'air du temps. Au diable les campagnes de presse rébarbatives et les messages moralisateurs. C'est par exemple le « filon » choisi par le Free handi'se trophy, un raid interentreprises qui, depuis trois ans, réunit des collaborateurs valides et handicapés issus de grandes entreprises qui, grâce à un vélo tandem adapté, traversent la France sur plus de 600 kilomètres. On s'implique, on sue, on fait la preuve que la différence est une richesse et qu'en dépit de la maladie et du handicap, on peut aller au bout de ses projets. Alors pourquoi pas en roue libre ?