Cataracte, glaucome, rétinopathie diabétique… Comment sont perçues les affiches électorales en cas de handicap visuel ? À Strasbourg, l'Association des aveugles et amblyopes d'Alsace et de Lorraine (AAAL), membre de la Fédération des aveugles de France, décide d'interpeller les citoyens et les politiques pour répondre à cette question. Par le biais d'un affichage de sensibilisation sur les vitrines de ses locaux, l'association « invite chacun à se mettre pendant quelques secondes dans la peau d'un malvoyant », explique-t-elle sur son site (en lien ci-dessous).
Peu présent dans les débats
Floutées, tachées, grisées : les affiches de tous les candidats sont entièrement revisitées. « Le handicap visuel et ses différentes formes reste méconnu et peu présent dans le débat public. Avec cette campagne d'affichage, nous souhaitons le mettre en lumière et rappeler qu'il concerne potentiellement chacun d'entre nous », soulignent les porteurs du projet.
80% d'inaccessibilité
En France, 1,7 millions de personnes sont atteintes d'un trouble sévère de la vision et 4 millions seront déficients visuels d'ici 2050, estime l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon la Fédération des aveugles de France, être déficient visuel, en 2017, induit un accès limité à la formation professionnelle et un risque sur deux d'être au chômage. Par ailleurs, l'association dénonce un nombre trop faible de structures adaptées à la cécité, reprenant les chiffres de la Fédération : seuls 20% des bâtiments publics sont accessibles ; 4% des sites web d'institutions respectent les normes d'accessibilité ; 3% des ouvrages sont édités en braille et encore très peu d'activités culturelles et sportives sont adaptées… Et l'AAL de demander : « En 2022, on en sera où ? »
© AAAL